holy crap, what the hell is that ?
feat  Ludwig Böhm

Il lui arrivait peu souvent de sortir seule lorsqu'elle se retrouvait en ville en compagnie de son frère et sa soeur, mais cela lui arrivait. Lorsqu'elle se séparait ainsi de ses jumeaux, c'est qu'elle avait généralement besoin de calme et de tranquillité, ce que ces derniers avaient de la difficulté à lui offrir. Elle était souvent submergée par bon nombre de sentiments contradictoires en présence des seuls membres encore vivants de sa famille et il lui fallait parfois s'éloigner de tout ça pour se vider la tête. C'est d'ailleurs ce dont elle avait besoin ce soir et c'est pourquoi elle s'était dirigée vers le square des trois roses. Le soleil était encore présent dans le ciel, et cela la rassurait, mais il déclinait rapidement et elle n'était pas du genre à traîner seule dans les rues la nuit, Roskana. Elle manquait légèrement de confiance en elle et surtout de confiance envers les autres. Cependant, alors qu'elle s'apprêtait à rebrousser chemin après une trop courte marche à son goût, elle vit un homme, non loin qui semblait faire un malaise. Il semblait étourdit et vacillait légèrement sur ses jambes. Avant que Roskana n'est pu faire quoi que ce soit, ce dernier s'était effondré et avait perdu connaissance. Sa bonne âme avait tout de suite pris le dessus et ses connaissances médicales aussi. Elle n'avait jamais refusé d'aide à qui que ce soit Roskana et elle ne commencerait pas aujourd'hui, même si le malheureux ne lui avait rien demandé. « Monsieur, monsieur, vous m'entendez ? » Aucune réaction. Elle devait trouver ce qui lui était arrivée et pourquoi il avait si soudainement perdu connaissance. Comme ils se trouvaient tous les deux en plein milieu du square, elle choisit de le tirer un peu à l'écart des passants et appuya ce dernier contre le mur de briques d'une vieille bâtisse.

Alors qu'elle le déplaçait du mieux qu'elle pouvait malgré son petit gabarit, quelque chose tomba du sac de ce dernier et s'ouvra sur le sol. On aurait dit un journal. Elle n'était pas de nature curieuse ou même fouineuse la brunette, mais ce qu'elle aperçut à l'intérieur du carnet la surprit un moment et elle se figea. Elle n'était pas certaine de ce qu'elle avait aperçu et une fois la surprise passée elle ne pût s'empêcher de s'emparer du petit carnet afin de l'inspecter. L'image qu'elle avait sous ses yeux ... Elle n'en revient pas. On aurait dit, sa famille ... Le soir de l'attentat, le soir du massacre qui avait réduit au silence les siens et les seules personnes qui étaient présentes ce soir-là, à part les membres de sa famille, étaient ceux qui les avaient attaqués. « Je m’excuse mademoiselle, mais ce carnet est à moi... » Roskana sursauta. Surprise par le réveil soudain de l'homme qui était face à elle. Elle resserra son emprise sur le petit carnet, incapable de s'en séparer et de prononcer un seul mot. Pourtant, elle le devait. « Qui êtes-vous ? » Un murmure, presque inaudible, elle n'avait pas la force d'en dire plus, mais elle le devait. Elle ne pouvait pas révéler son identité, elle ne pouvait pas, pas si cet homme était réellement celui qu'elle croyait. Cela la mettrait en danger, elle et ses jumeaux. Elle était tendue, c'est évident. Elle avait peur que son interlocuteur décide de partir, sans lui donner d'explication. Il le pouvait certainement. « Ce dessin ! Que représente-t-il ? Vous étiez présent à cet événement ? » Elle tourna le cahier vers ce dernier, afin de lui montrer de quoi elle parlait. Elle avait repris un peu d'aplomb, mais elle planait toujours en pleine incertitude.

holy crap, what the hell is that ?
feat  Ludwig Böhm

Elle n'était pas du genre aventurière Roskana, loin de là. Elle agissait rarement de façon imprudente et impulsive, consciente qu'elle ne pouvait se le permettre ... Mais s'il y avait bien une chose sur terre qui la faisait réagir à tout coup c'était la souffrance des autres. Elle voulait toujours venir en aide à ceux qui en avaient besoin même si, en temps de crise, elle, de son côté, se retrouvait souvent seule. Peut-être comblait-elle le manque qui l'habitait depuis si longtemps en aidant les gens qui l'entouraient, qu'ils soient connus d'elle ou non. Ce soir, elle aurait dû refouler cet instinct protecteur et retourner à la maison. Elle aurait dû rebrousser chemin lorsque le soleil avait décliné et cela lui aurait évité d'être prise dans une situation qui la rendait mal à l'aise et infiniment impuissante. Si seulement elle était capable de se contrôler aussi bien que son frère et sa soeur ... Mais elle n'était pas comme eux Roskana et ça, elle le savait pertinemment et c'est à cause de cette différence qu'elle s'était retrouvé dans une situation fâcheuse. Elle avait rarement tenu tête ainsi à des inconnus dans sa vie, mais elle avait besoin de savoir, elle avait besoin de réponse.

« Roskana Dahskov ... À vous ! » Elle avait consenti à lui donner son nom, de toute manière, cette identité ne lui dirait probablement rien et elle ne la reliait d'aucune façon au dessin représenté dans le cahier de l'homme en face d'elle. Cependant, elle considérant qu'ils se trouvaient dans une situation donnant-donnant, elle lui avait donné son nom, maintenant, idéalement, il devait faire de même. Elle tenait toujours fermement le cahier entre ses mains et elle ne comptait pas le lâcher de sitôt. « Je peux savoir pourquoi ça vous intéresse ? À ce que je sache, à part le fait que vous m’ayez sauvé la vie, je n’ai aucun compte à vous rendre. » La belle affaire, c'était déjà bien de lui sauver la vie ... Elle aurait très bien pu le laisser là, sur le sol en plein milieu du square, va savoir s'il en serait ressorti indemne. Elle croisa les bras sur sa poitrine. « Effectivement ... Vous l'avez dit vous-même. Je vous ai sauvé la vie. » Elle soupire, peu certaine de pouvoir exigé quoi que ce soit dans une telle situation, mais elle ne perd rien à essayer ... Dans le pire des cas l'inconnu se sauvera en courant, son cahier en main et elle se retrouvera seule dépourvue de réponse utile et la tête emplie de questions. « Ça mérite bien un service de votre part, non ? Je ne demande pas la lune ... Simplement une petite réponse. » Elle ne pouvait rien exiger de lui, mais elle espérait que son approche ... plutôt courtoise, l'aiderait à obtenir des réponses. Elle n'était pas violente Roskana et elle ne le deviendrait certainement pas ce soir. « Je... on ne peut pas faire confiance à personne, vous devez le savoir plus que moi. Si je vous disais la véritable raison... vous ne me croiriez peut-être pas. » Oh, évidemment qu'elle en était consciente et ça, depuis plusieurs années déjà. Elle avait dû se cacher pendant plus d'un an et son retour en société avait été plutôt difficile, d'autant plus qu'elle se méfiait de tout le monde à ce moment là. Par instinct, elle recula de quelques pas, pour éviter que l'inconnu se sauve avec son précieux objet. Elle avait l'impression qu'il voulait mettre fin à leur entretien et ce n'était pas ce qu'elle désirait. « Vous avez raison, mais j'ai besoin d'une réponse ... Honnête de préférence. Je suis une personne plutôt ouverte vous savez. »