don't bring tomorrow 'cause i already know

you must know you're doing the right thing

L'air était frais pour un mois d'octobre, un signe qui n'annonçait rien de bon concernant l'hiver à venir. Le vent secouait les branches des arbres, qui se tenaient là, tels des titans. Andreas se dressait sur la terrasse du palais familial, observant les feuilles rousses et jaunes, qui menaçaient de tomber d'ici quelques jours, quelques semaines. La vue sur les jardins était captivante, la minutie avec laquelle avait été créé cet espace avait toujours fasciné le jeune homme. Il était très attaché à cette demeure, qui était la sienne après tout. Il avait grandi ici, auprès du reste de la famille Fuchs. Ces murs l'avaient vu grandir, devenir un homme et bientôt ils allaient accueillir en leur sein une nouvelle personne. La nouvelle avait bien du mal à passer pour Andreas, même s'il avait toujours eu conscience que l'échéance ne faisait qu'approcher. Malgré tout, il avait espéré - naïvement - avoir encore quelques mois de répit. Pouvoir profiter encore un peu de cette liberté qu'il chérissait tant. Savourer les plaisirs de son jeune âge, sans se soucier des responsabilités qui trônaient sur ses épaules. Il aurait souhaité pouvoir jouir de ces plaisirs simples encore un peu, mais l'annonce avait été plus brutale que prévue. Il s'en était douté, lorsque ses parents lui avaient annoncé que les Monaci viendraient leur rendre visite aujourd'hui. Il savait qu'il ne s'agissait pas juste d'une entrevue diplomatique. Lorsque son regard avait croisé celui de Marzia, il en avait été d'autant plus convaincu. Dans les iris de l'italienne se reflétait son propre désarroi. Aucun des deux ne souhaitait procéder à cette union si rapidement - rapidement, un euphémisme pour le futur couple qui était fiancé depuis déjà trois ans. Mais la décision ne leur appartenait pas. Andreas s'était contenté de hocher la tête lorsque son père avait annoncé la date. Le vingt-six novembre, leur laissant un bon mois pour organiser l'événement - et même si personne ne formula la pensée à voix haute, un bon mois pour laisser aux futurs époux le temps d'accepter leur situation. Un sourire plaqué sur les lèvres, le jeune brun s'était plié au protocole que la jeune femme lui avait imposé, feignant le bonheur à l'idée de passer bientôt l'alliance au doigt de l'italienne. Et alors que leurs deux familles avaient commencé à discuter de l'organisation des noces, Andreas en avait profité pour s'éclipser. Prendre l'air, c'était tout ce dont il avait besoin. Etre seul avec ses pensées, afin de faire le vide. Son regard était fixé sur les plantes, alors qu'il essayait de relativiser. Andreas était quelqu'un d'optimiste de nature. Il avait juste besoin d'accepter qu'une page de son histoire allait désormais se tourner. Ce mariage ne signifiait pas la fin de tout, il en avait conscience. Il savait qu'il avait même, d'une certaine façon, de la chance. Du moins, il le pensait lorsqu'il était uniquement fiancé et que le lien qui les unissait n'était qu'une promesse invisible, passée entre leurs deux familles. Maintenant que la réalité l'avait rattrapé, il se sentait pris au piège. Ce ressenti n'avait rien à voir avec Marzia. Elle dépassait de loin les attentes que le brun avait eu à l'égard de sa future femme. Il était persuadé qu'ils pourraient, un jour, réussir à s'entendre à nouveau. Mais aujourd'hui, il n'avait tout simplement pas le cœur à ça. Ses pensées étaient tournées vers Nour et Eloïse, à qui il allait devoir annoncer la nouvelle bientôt. Il n'en avait pas envie. Il voulait continuer à vivre dans la bulle qu'ils étaient créé tous les trois. Une réaction enfantine, mais Andreas n'était pas connu pour sa maturité.