Le jeune renard n'avait pas dit un mot sur le chemin du retour de Berlin. Il n'arrivait pas à assimiler la catastrophe qui avait eut lieu lors de l'enregistrement du sang. L'attentat, l'explosion, les personnes blessées par l'effondrement du mur ou piétinées par la foule en panique. C'étaient des images qui restaient gravées dans son esprit et qui revenaient en boucle comme une mélodie dont on ne peut se défaire. Il avait eu très peur pour sa famille, qu'il avait finalement pu retrouver saine et sauve à la sortie du Palais de Justice. Dès son arrivée au Palais Fuchs de Stuttgart, Max s'était jeté dans une des salles de bain, la première sur son passage, et ce pour nettoyer les dernières traces de sang sur ses mains et sous ses ongles. Ce sang n'était pas le sien, il appartenait à un blessé qu'il avait aidé rejoindre les secours. Il aurait pu user d'un sortilège pour s'en débarrasser, mais il avait besoin de frotter, de sentir la chose disparaître peu à peu et couler dans le lavabo. Max exécutait cette besogne de manière presque frénétique, la respiration saccadée et le cœur battant à tout allure. Car il fallait aussi enlever cette odeur métallique de l'hémoglobine pour la remplacer par la douce senteur du savon.
Une fois totalement satisfait du résultat, le jeune sorcier poussa un soupir de soulagement. Telle une épave, il sortit de la salle de bain et alla immédiatement se réfugier dans sa chambre située dans une aile du palais. La belle lumière du crépuscule inondait ses appartements. Une journée touchait à sa fin, que réservera la suivante ? Max savait très bien qu'il y aurait des conséquences politiques à tout cela, mais dans son état actuel il s'en fichait, il ne voulait pas y penser. L'odeur de sang revint dans ses narines, toujours aussi tenace. Cette fois, cela semblait venir de ses vêtements. Immédiatement il les ôta puis les jeta en boule à même le sol. Aux grands maux les grands remèdes. Le petit renard sauta dans sa petite salle de bain privative et exécuta le même rituel sous la douche mais pour tout son corps cette fois ci. Une fois cette chose faite, il enfila les habits qu'il porterait pour la nuit. Dîner avec les autres membres de sa famille lui paraissait au dessus de ses forces ce soir. Et aujourd'hui était tout à fait particulier, il était certain qu'on ne lui tiendrait pas rigueur.

Le sorcier alla se regarder dans le miroir, marchant pieds nus sur le parquet de sa chambre. Et sa tenue était assez atypique. Max avait enfilé un pyjama moderne, qu'un humain de son âge pourrait porter par exemple. Mais par dessus il portait une lourde robe de chambre qui traînait presque par terre et qui lui donnait l'allure d'un prince. Mais ce charme princier n'était pas du tout présent sur son visage fatigué par cette journée. A cet instant, le sorcier arborait une chevelure particulièrement décoiffée. Avec ça conjugué à la faible lumière du soleil couchant, Max avait une frimousse qui paraissait plus "renardine" que jamais. La chambre de Max était elle aussi un subtil mélange entre ancien et moderne. On était dans un palais, donc évidemment la pièce était haute de plafond, avec de somptueuses moulures. C'était une pièce très masculine, avec ses meubles en différentes matières de bois sombres et les tons dominants des murs et des rideaux étaient de riches couleurs chaudes et feutrées. Max avait par caprice un lit à baldaquin dont les parties en bois étaient en ébène et les tentures ornées des armoiries de sa famille. Un ordinateur portable trônait sur le bureau et de lourds grimoires de magie ou des livres traînaient à même le sol dans un désordre qui relevait de l'art.

Toujours dans ses pensées, Max n'entendit pas que quelqu'un toquait à la porte. Cette personne finit par entrer, il s'agissait de Sigwald, le valet du jeune sorcier. Le père de Max avait attribué un valet à son fils l'année où Max terminait sa scolarité à Goldadler. Le sorcier était un adulte maintenant, et une personne de son rang se devait d'avoir son valet personnel.
Sigwald portait les bagages emmenées par Maximilian pour son voyage à Berlin. « Je viens défaire vos bagages et ranger votre garde-robe Monsieur.  » Max répliqua comme un automate. « Je vais ranger mes affaires moi-même ce soir Sigwald. Mais merci de m'avoir ramené mes valises ici...  » Le valet haussa un sourcil en voyant les vêtements que Max portait aujourd'hui roulés en boule par terre. Il les ramassa. « Voulez-vous que je mette ceci à laver Monsieur ? » Le renard laissa échapper un petit rire nerveux. « Lavez-les, jetez-les, brûlez-les si vous le souhaitez... J'en ai rien à faire.  » Sigwald resta de marbre, il était habitué aux humeurs de son maître. « Bien Monsieur. Comptez-vous descendre dîner avec votre famille dans cette tenue ou dois-je... ? » Max le coupa en cours de route. Il serra les poings, conscient qu'à cet instant il devait ressembler à un ado qui faisait une crise. « Je ne compte pas descendre dîner ce soir !  » glapit-il. Le jeune renard savait que Sigwald était un très bon valet, et qu'il ne faisait que son travail. La différence d'âge entre le valet et son maître n'était pas très grande. Sorcier de sang-mêlé sans patrimoine, Sigwald était au service des Fuchs depuis plusieurs années. « Voulez-vous d'une part de gâteau alors ? Un thé ? Ou... une tisane peut-être ? » Tout d'un coup furibond, Max vit la lueur narquoise dans les yeux de Sigwald. Le jeune renard prit cela pour de l'insolence, malgré le fait qu'il savait que son valet plaisantait par moment sans méchanceté. Une tisane ?? Car d'après l'avis d'un domestique il avait besoin de se calmer ? Toute la nervosité de la journée se mua en colère en Max.

Le sorcier accomplit rapidement un imperceptible mouvement avec les mains. Il sentit la magie pulser dans ses veines et dans tout son corps. Le sort prit forme presque immédiatement. Agissant sur sa voix, ce sortilège simple permettait de décupler la puissance vocale de l'utilisateur. « HORS DE MA VUE !!  » hurla Maximilan. La puissance de sa voix était telle que ça eut l'air d'un rugissement qui fit trembler toute la pièce. Sigwald battit aussitôt en retraite et sortit de la chambre. D'un grand geste de la main en l'air, comme s'il donnait une gifle avec le dos de la main, Max usa de sa magie pour fermer la porte violemment derrière Sigwald à distance.

Le renard se laissa ensuite tomber dans un fauteuil. Demain il allait culpabiliser d'avoir traité ainsi son valet. Ce n'était pas dans ses habitudes, il était toujours correct avec les domestiques en général. Le sorcier se préparait à une soirée en solitaire mais on toqua de nouveau à la porte. « Qu'est ce qu'il y a encore ?  » glapit Max. Décidément il aurait mieux fait de rester au lit ce matin...

Le souffle court, le cœur battant la chamade, Isabella rentre dans l’énorme berline noire avant de poser son dos contre la banquette en cuir. Elle soupire pendant de longues secondes, jette un coup d’œil dehors. Les pompiers sont en train d’arrivée, les premières évacuations de blessés ont commencé. Sa sœur va bien, elle est repartie de son côté, laissant sa cadette avec ses craintes, heureusement, Bella n’est pas seule, elle peut faire confiance à Otto. Sa main s’enfonce dans la poche de sa veste et elle fourre ses écouteurs dans ses oreilles avant de lancer l’application musique qui se trouve sur son téléphone. Un sourire presque amusé se dessine sur ses lèvres quand elle entend les premières notes de Thriller. Ses souvenirs lui rappellent alors le clip, elle revoit Michael Jackson, la demoiselle habillée de rose et la transformation en loup garou, qui lui rappelle souvent certaines séries. Pourtant, ce début n’est qu’une façade après tout, Thriller c’est avant tout une chanson sur un film et un mec qui amène sa copine le voir. Rapidement les paroles se font entendre dans les oreilles de la jeune Fuchs. Bordel qu’est-ce qu’elle aime cette chanson. -It's close to midnight and something evil's lurking in the dark .Under the moonlight you see a sight that almost stops your heart .You try to scream but terror takes the sound befor you make it. You start to freeze as horror looks you right between the eyes, You're paralyzed .- Autant dire que c’est paroles trouvent échos dans le corps de la brune. Elle s’y retrouve, c’est exactement ce qu’elle a ressenti durant cet petit épisode. Cette peur, ce besoin de hurler tout se retenant, voir sa vie défilée tandis que son regard se pose sur les corps blessés qui jonchent le sol. -Cause this is thriller, thriller night .And no one's gonna save you from the beast about to strike. You know it's thriller, thriller night. You'r fighting for your life inside a killer, thriller tonight.- Pourtant dans le cas de Bella, la nuit n’est pas encore là. Elle se trouve encore à plusieurs heures, mais la brune se demande si quelqu’un pourra vraiment la sauver de cette bête. Ce monde, toute cette folie, elle a l’impression que cela finira par le ronger un de ses jours, voir pourquoi pas tout simplement la tuer. -Cause this is thriller,thriller night.There ain't no second chance against the thing with forty eyes . You know it's thriller, thriller night. You're fighting to survive inside a killer, thriller tonight- Bella a toujours aimé la musique et ce qu’elle représentait, elle aimait la force des textes, le charisme des chanteurs et cette capacité qu’à la musique à vous amener dans un monde bien loin de celui dans lequel vous vous trouvez. Pour elle, c’est un petit intermède doucereux, même cette chanson assez sombre lui donne envie d’espérer que peut-être tout n’est pas perdu. Tant qu’on est vie, on peut se battre, Bella ressent bien cet instinct presque vital de survivre, cet instinct qui pourrait la pousser à se surpasser pour continuer à vivre quelques jours de plus. Un instinct de tueur ? Tout le monde l’a en lui, mais si certain sont capable de le retenir et d’autres pas. Bella fait partie de la première partie, elle déteste la violence, même si elle sait qu’elle peut parfois se montrer violente, mais Bella ne blesse qu’avec les mots. Comme la dernière fois avec son frère. La brune s’en veut, elle n’arrive pas à oublier le regard qui lui a lancé quand elle a accusé. Quelle idiote… Songe t’elle avant de porter son regard sur Otto qui conduit le véhicule. Ils sont déjà en train de sortir du centre-ville. -Night creatures call o. And the dead start to walk in their masquerade There no escapin the jaws of the aliens this time. This is the end of your life.- La chanson retentit dans ses oreilles, si bien que Bella monte le son avant de se balancer de gauche à droite, elle se met même à chantonner les paroles suivantes. They're out to get you, there's demons closing in on every side. Tey will possess you unless you change the number on your dial. Now it's the time for you and I to couddle close together. All thru the night I'll save you're from the terror of the screen, I'll make you see. Comme quoi même pendant Thriller, il arrivait à parler d’amour, enfin en quelque sorte, parce que son but, c’est quand même de récupérer la fille qu’il a fait fuir en choisissant le mauvais film. Bella remarque Otto qui l’observe, elle lui sourit avant de passer la chanson via le bluethooth de la voiture. Elle arque un sourcil avant d’entendre Otto reprendre le refrain de la chanson. « That it's a thriller, thriller night. Cause I can thrille you more than any ghost would dare to try. Girl, this is thriller, thriller night. So let me hold you tight and share a killer, diller, chiller .Thriller here tonight » Bella se met à rire avant d’observer son garde du corps lui faire une petite chorégraphie dans la voiture. Ça leur arrive souvent de chanter tout les deux. Alors quand la fin de la chanson arrive, Bella est portée par l’enthousiasme d’Otto et ils chantent tous les deux les dernières paroles de la chanson. « Darkness falls across the land,the midnight hour is closer at hand. Creatures crawl in search of blood to terroize y'awl's neighbourhood and whoseoever shall be found without the soull ffor getting down. Must stand and face the houds of hell and rot inside a corrppse's shell. The foulest sttench is in the air, the funky of forty thousand years and grizzly ghoulss from every tomb » Attention la fin arrive, alors ils donnent toutes leur tripes. « Are closing in to seal your doom. And through you fight to stay alive. Your body start to shiver, for no mere mortal can resist. The evil of the thriller. !!! » Le duo se met à rire tandis qu’Otto baisse le son. Isabella lui sourit. « Merci Otto. » Cette petite intermède musicale lui a fait le plus grand bien.

Quand elle arrive enfin chez elle, il ne lui faut que quelques secondes pour se diriger vers la chambre de son frère. A vrai dire, elle est inquiète depuis que l’attentat a été perpétré. Elle n’a pas cessé de le chercher, mais ne l’a pas vu. Alors elle espère une chose, qu’il soit tranquillement dans sa chambre et que rien ne lui soit arrivé. Quand elle arrive à sa chambre, elle trouve Sigwald qui en ressort, ce qui la rassure automatiquement sur le sort de son frère. « Il est énervé ? » demanda t’elle au Valet. L’homme l’observe ne sachant pas trop quoi répondre. « Rien de quoi je ne peux venir à bout. » Finit-elle par dire en frappant à la porte. Autant dire qu’elle est accueilli avec tout l’amabilité dont est capable son frère. Ok, il semble être sur les nerfs. Sans prendre la peine de répondre, la brune pousse la porte et rentre dans la chambre avant de poser son regard bleuté sur son cadet. « Dis, quand vas-tu arrêter de terrifier ce pauvre Sigwald ? » Bella sait très bien qu’elle n’a rien à faire dans la chambre de son frère, surtout pas avec ce qui s’est passé dernièrement. Elle veut recoller les morceaux, ne plus voir ce regard habité les yeux de Max. « Je… » Elle cherche ses mots, ne sachant pas trop par quoi commencer. « Je suis rassurée que tu n’aies rien, je me suis inquiétée… » Commencez par là et un bon début, du moins, la brune l’espère. Elle lui dédicace un petit sourire, espérant qu’il saisisse la perche de la réconciliation qu’elle vient de lui lancer.