Bella tira sur ses lacets pour bien les serrer. Il était 8 heures du matin et comme à chaque fois, elle partait faire son jogging matinal. C’était un de ses moyens pour sortir de sa prison quotidienne. Une des choses qu’elle avait réussi à garder. Ses parents l’autorisant à sortir de leur très protégé manoir pour s’aérer l’esprit et entretenir son corps. Ce corps qui se devait de représenter la famille Fuchs. Si Bella aimait tant courir, c’est que cela lui permettait de sortir et de voir autre chose que les visages qui évoluaient quotidiennement dans son entourage. Ce n’est pas qu’elle n’aimait pas sa famille, c’est juste qu’elle trouvait cela oppressant, de toujours devoir rester en clan. Surtout quand les liens sont plus friables qu’on ne le pense. La brune ne s’était toujours pas remise de l’assassinat de son petit ami. Chaque jour, le poids qu’elle portait en elle semblait plus lourd, mais personne autour d’elle, si ce n’est sa sœur aînée, ne lui en parlait. D’ailleurs personne n’avait jamais abordé le sujet de ce garçon, même pas quand la brune s’était retrouvée face à son corps sans vie recouvert d’un linge que les secours rentrés dans le camion de la morgue. Comment n’aurait-elle pas pu éprouver de la colère ? Du dégoût ? Et surtout de l’incompréhension. Elle n’arrivait pas à comprendre que sa famille ait pu en arriver là… Tuer quelqu’un pour une histoire qui de toute façon n’aurait sûrement jamais abouti. Bella n’était pas si idiote que ça, elle avait juste essayé de vivre sa vie, rien de plus. Un simple avertissement aurait suffi, mais sa famille avait préféré frapper un grand coup. Le pire dans tout ça, c’est que Bella se sentait coupable. Elle était la raison qui avait provoqué la mort du jeune homme. D’une certaine manière elle était celle qui l’avait tué, mais à distance. S’il ne l’avait pas connu, s’il ne lui avait pas proposé un verre et si surtout elle ne l’avait pas accepté, il serait encore en train de profiter de sa vie, mais il n’avait pas eu cette chance. La famille Fuchs ne lui avait pas permis. Depuis l’incident, Bella essayait tant bien que mal de passer à autre chose, mais elle n’y arrivait pas, c’était impossible. C’était comme si, il la retenait en arrière, l’empêchant d’avancer. Elle avait l’impression d’évoluer dans des sables mouvants, plus elle avançait, plus elle luttait et plus elle s’enfonçait. Une lutte perdue d’avance, une bataille dont elle ne sortirait pas gagnante, si elle ne trouvait pas la force d’accepter la douleur qui avait envahi son cœur.

Courir lui permettait en temps normal de se changer les idées. Elle aimait voir le monde évoluait autour d’elle. Des vies qui évoluaient loin de son univers d’or et de paillettes. Voir les gens rires, manger à la terrasse d’un café, des couples se tenir par la main, des vieillards assis sur un banc, elle aimait toutes ses choses. Souvent la brunette rêvait de n’être qu’un être humain lambda, mais elle se souvenait bien rapidement que leur vie n’avait rien d’enviable. Être un sang-mêlé ou un humain était une des pires choses qui pouvaient vous arriver dans ce monde. Bella ne pouvait pas lutter contre ça, pas avec sa famille, pas avec tout l’endoctrinement dont elle avait été la victime et pourtant, pourtant, elle trouvait cela injuste. Elle ne comprenait pas pourquoi le monde s’était bâti ainsi. Ne pouvaient-ils pas cohabiter tous ensemble, sans que cela ne devienne le chaos ? Sellons les sorciers cela semblait impossible. Pour Bella il s’agissait plus d’une question de pouvoir. À savoir que les sorciers ne voulaient par perdre leur place et cela pouvait se comprendre tant celles-ci étaient avantageuses.

Perdue dans ses pensées comme bien trop souvent, écouteur dans ses oreilles, la sorcière passait finalement pour une habitante parmi tant d'autres et rien chez elle ne rappelait à ce moment précis la noble lignée dont elle était la descendante. Peut-être aurait-elle pu cependant faire attention au monde qui l’entourait. Sans prêter attention à la couleur du feu, la brune traverse avant de tourner la tête, mais il était trop tard. Le feu était vert et la voiture qui arrivait n’aurait pas le temps de s’arrêter. La brunette se fit percuter et tomba lourdement sur le sol. Elle sentit sa cheville vrillée sous son poids, mais le choc aurait pu être plus grave. Par chance la voiture ne l’avait « juste » que bousculée. Hormis un gros bleu à la hanche et sa cheville, elle s’en sortirait indemne. Bella se redressa un peu avant de se relever tout en douceur. « C’est bon, je vais bien… » laissa-t-elle échapper en voyant le conducteur sortir du véhicule. Enfin si elle oubliait son mal de crâne et la douleur qui se propageait dans toute sa cheville. Peut-être qu’elle n’était pas si en forme que ça après tout.