Ses doigts glissent sur les tiens, telle une douce caresse maternelle, alors qu’elle observait son deuxième enfant. Dehors, la neige ne cessait de tomber, recouvrant le sol d’un manteau blanc magique, suave, sublime. Il entre. Fier, droit. Sa simple présence attise le respect d’autrui. Il approche de sa femme, qui elle, n’avait d’yeux que pour toi. Durant huit mois elle t’avait porté en son sein, à présent, elle pouvait enfin ancrer son regard dans le tiens. Aussi farouche soit-il, le patriarche fut d’une grande douceur quand, doucement, il t’arracha aux bras de son épouse. Ô oui, qu’ils aillent au diable, tu es né, tu es là, tu es un fils. Que demander de mieux ? Bien qu’un héritier soit déjà né, tu n’en restais pas moins précieux à ses yeux. Ses doigts rugueux effleurent ta joue, subtile caresse paternelle, alors que tu bouges sereinement les doigts à la recherche des siens. Le lion a donné naissance à un nouveau lionceau. Fierté mal placée, amour étrange, tellement de mots pourraient signifier l’affection qu’il te portait dès lors. Il ne dit rien l’espace de quelques instants, se contentant de jouer avec tes doigts si petits comparés aux siens. « Alekseï Hartwin Löwewald. » Ton identité, ce qui fera de toi ce que tu seras plus tard. Tu ne sais pas. Non, tu ne sais pas ce que cela signifie réellement, quel impact ce nom de famille aura sur tes épaules. Tu le sauras bien vite. Oui. Tu es le fils de ton père. Bébé en bonne santé, à la carrure déjà bien développée, il est fier le patriarche de te tenir dans ses bras. Doucement, il approche de la fenêtre recouverte d’une fine couche blanche et brillant, te tournant vers celle-ci dans l’espoir d’y voir apparaître un éclat quelconque. Tu dors, tu somnoles. Innocent, inconscient de l’univers qui t’entoure. « Regarde Alekseï, regardes comme le monde est vaste, comme le monde est beau. » Ta mère vous observe, luttant contre le sommeil, cherchant à déchiffrer ce qu’il se passe devant ses yeux. « Regarde ce que je t’offre sur un plateau, ô toi mon lion. » Un enfant entra à cet instant, ton aîné de deux ans et, sans hésiter, ton père te présenta à lui, oui, lui l’hériter.  

Il te regarde, un air innocent gravé dans son regard. Tu es si petit, si frêle, comment peut-on imaginer qu’un jour, tu deviendrais un homme digne des tiens ? Il n’est pas beaucoup plus vieux, pourtant, sa silhouette dépasse largement la tienne. Perché au-dessus de ton berceau, déjà, son éducation avait commencé, alors que la tienne se faisait attendre. Trop jeune encore pour assimiler les principes de ta famille, lui par contre, entrait dans cet âge d’or ou l’éducation fait d’un enfant futur homme. Il ne bouge pas, silencieux. Et toi, les yeux grands ouverts, tu ne détournes pas le regard. A qui le fera le premier ? C’était comme si votre jeu favori avait commencé. Beaucoup auraient pu se poser des questions en vous voyant de la sorte. Immobiles, silencieux, vous toisant sans animosité, laissant juste le questionnement, l’énigme de la vie étinceler dans vos yeux. Doucement, il approche la main de ton visage, hésitant à mi-chemin. A-t-il le doit de te toucher ? Va-t-il te faire du mal ? Pourtant, il continue son trajet et, calmement, ses doigts frôlent ton front. Tu aurais pu pleurer, oui, mais à l’évidence, un sourire niai s’afficha sur tes petites lèvres alors que ta bouche s’ouvrit pour laisser un petit cri content s’en échapper. Tes bras s’agitent dans une danse fiévreuse et tes mains agrippes ses doigts pour tenter d’en mordre le bout. Tu fais tes dents et tous ce qui te passe sous la main est bon à mastiquer. Il rit alors et tes cris se mêlent aux siens. La gouvernante entre dans la chambre pour observer cette scène pleine de tendresse. Car oui, cette scène ne fut pas n’importe laquelle. Ton premier éclat de rire, ton premier sourire il fut pour lui, ton frère.


Les années passent, le temps s’écoulent. Les périodes changent, les choses évoluent et toi et bien, tu grandis. De bébé tu es passé à enfant, courant derrière ce frère qui était plus rapide que toi. Les jardins sont grands, et votre petit-frère peine à vous rattraper également, criant vos noms comme un supplice pour que vous l’attendiez. Votre éducation a commencé. Tiraillés entre histoire, politique, langues et affaires, vous n’aviez aucuns répits, car tel est la vie des Löwewad. Tu accélères, laissant le vent fouetter ton visage, prêt à attraper la veste de ton aîné. Malheureusement, tes pieds s’entremêlent et tu tombes en avant, emportant Marius avec toi. L’herbe fraîche de cette fin d’après-midi vous accueille en douceur, alors que vos rires résonnent au loin. Il arrive, petit chose qu’il est, sautant dans le tas pour vous écraser plus que de raison. Vous êtes des frères, vous êtes une famille et cela ne laisse aucuns doutes. Au loin, des hommes parles autour de ton père, plongé dans cette politique qui ne sera jamais tienne. Trop rêveur, trop en retrait, tu laisseras à jamais Marius dompter cet élément qui baigne votre enfance. « Alekseï, il est l’heure de ta leçon. » Tu appuies fermement sur la joue de ton cadet, lui aplatissant le visage contre le sol sans pour autant le faire souffrir. Il gémit de mécontentement, se débattant, pendant que tu redresses ton corps fin avec une agilité certaine. Tu n’as pas cours en même temps qu’eux, prenant des chemins différents. Très vite, ton père avait remarqué cette prédilection au combat que tu possédais. Rapide, agilité, fort pour ton âge, il t’avait avidement poussé vers cette voie. Tu veux te diriger vers ta mère, mais une main se tend vers toi, réclamant de l’aide pour se redresser. Tu souris avec arrogance, amusement mais, sans doute ni hésitations, tu tends la tienne, apportant ton aide à ce frère à terre. Oui, pour vous cette vision n’est qu’une simple image enfantine, rien de bien révélateur. Pour toi, elle décrit toute autre chose. A jamais tu tendras cette main aux tiens, qu’ils soient à terre ou debout, vieux ou jeunes. Qu’importe, cette main, elle appartient à ta famille et pour eux, tu te bâteras tel le fauve que tu deviendras.


La foule vous observes avec un intérêt certain, laissant leur regard glisser sur vos corps tendus par l’effort. Tu souris en coin, ne laissant rien transpirer de tout ton être. Ton adversaire est dépassé, comme effondré par le destin qui l’attend. Il va perdre, il en a conscience. Tu es doué, très doué et le duel n’a plus aucuns secrets pour toi. Tu penches doucement la tête sur le côté, ne le quittant pas des yeux, ne faisant attention qu’à lui. Il est ton centre, ton univers à cet instant précis. Ta magie pétille en toi comme un volcan prêt à exploser, caressant ta peau d’une douce chaleur volcanique qui ne demande qu’à être propulser vers ton ennemi. En dernière année de Duels, tu ne t’es pas dirigé vers la politique ou encore le droit, laissant à ton aîné ce bon soin. Proche de Marius ou encore de ton cadet, quel meilleur moyen de protéger les tiens que d’exceller dans cet art qu’est le duel. Tu fais ça pour eux, tu fais ça pour toi. Plus laxiste envers ta personne, ton père t’encourage à approfondir tes capacités, estimant qu’au final, cela ne pouvait-être que bénéfique. Ta magie s’élève dans les airs. Majestueuse, impressionnante. Il est temps, il est l’heure de frapper ton adversaire, de faire en sorte que tout espoir de victoire pour lui soit effacée. Tu es un lion, tu es un fauve et ça, tu le prouves à chaque instant. Elle frappe avec violence, envoyant valser ton conçurent sur le sol et les applaudissements résonnent, ainsi que les cris de tes amis. Tu as gagné, c’est terminé. Un sourire victorieux s’affiche sur ton visage alors que tu accueilles la victoire les bras grands ouverts. C’est ta dernière année, pourtant, tu sais déjà de quoi sera fait ton avenir. Un mariage arrangé t’attend d’ici peu, une carrière dans l’armée également. Tu as choisi l’un mais pas l’autre. Cette femme, tu ne l’aimes pas. Cette femme, tu vas pourtant devoir vivre avec et ce, toute ta vie. Tu aurais pu frapper du poing sur la table, refuser cette alliance en prétextant que Marius, lui, n’était pas encore marié. Et pourtant, ton allégeance aux tiens fut bien plus forte et tu plias, aussi bien pour ton frère que pour ton aîné. Tu acceptas de t’enchaîner à elle pour l’éternité.

Tu as essayé de l’aimer…de tout ton être de tout ton cœur, sans y parvenir. L’amour, ça ne se commande pas, ça ne se contrôle pas. Alors, tu as fait ce que l’on attendait de toi, tentant vainement de donner un héritier à ta famille. Assis dans le couloir, tu tenais fermement ce petit être dans tes bras, le regard perdu sur ce visage inanimé. Tu l’entends pleurer dans la chambre, souffrant de cette mort enfantine. Second enfant, second garçon, lui aussi mort-né. Pourquoi ? Tu compatis à sa peine, mais tu n’arrives pas à rester à ses côtés. Toi aussi tu souffres, toi aussi tu as mal. Ta gorge se serre et ton front se pose contre celui de ton fils. Mâchoire serrée, tu n’entends pas ton père se poser à tes côtés, seulement cette main rude se déposer sur ton épaule avec une tendresse habituelle. « Je suis tellement désolé Alekseï. » Tu aimerais bien craquer. Oui, pour une fois dans ta vie tu aimerais juste lâcher prise et t’effondrer. Pourtant, tu redresse ton visage, ne quittant pas des yeux ce petit être mort enveloppé dans des draps blancs. « Ce n’est pas grave, le prochain vivra une longue existence. » Il soupire. Tu sais que tu n’as pas le droit de montrer une quelconque faiblesse, c’est ainsi, c’est ce qui définit ta famille. Il se redresse et s’éloigne, mais déjà, ton aîné ne traîne pas pour prendre sa place. Cette fois-ci, tu tournes les yeux vers Marius, le cœur serré, le cœur battant. Peut-il seulement comprendre ce que la perte d’un enfant peut infliger ? Ce que cette double perte peut te faire à toi ? Tu n’en sais rien, tout ce que tu sais, c’est qu’il est là et qu’il le sera toujours. « J’essaye…je jure que j’essaye. » Murmure volage, tu serres d’avantage l’enfant contre toi, te recroquevillant une fois de plus. Ça fait mal, bien trop mal. La douleur est une arme, la douleur est une faiblesse. De cette faiblesse tu en feras une force et cette force tu t’en serviras contre eux. Eux qui cherches à prendre possession de ce qui vous appartiens, eux qui sont vos ennemis depuis toujours. Ils vont tomber. Oui, cette douleur tu t’en serviras contre eux. Qu’importe ce que cela t’en coûte, ils tomberont, point final.

TADAAAAAAAAM. Une pluie de paillette et d'amour s'abat sur toi pour fêter ta validation. Elle est pas belle la vie? En tout cas, tu as fièrement courageusement bravé l’épreuve de la fiche de présentation et voilà ce que j'en ai pensé :
Tout d'abord, comme je te l'ai dit ta plume est vraiment belle, j'ai beaucoup aimé te lire   . Grâce à ton histoire on arrive réellement à comprendre Alekseï et j'aime vraiment ce que tu as fait du personnage.   puis cette histoire, à la fin c'est triste quand même, je suis sûre vous allez réussir à l'avoir c'gosse   . En tout cas bienvenue