Aloisia avait accueilli cette nouvelle loi avec un calme désarmant. Bien évidemment, elle n'était pas visée par ce décret, mais elle avait tout de même accepté de s'y soumettre sans protester. Les Rosenwald se devaient de montrer l'exemple à toutes les autres familles pures, ainsi qu'au peuple. Les sorciers devaient penser que la famille royale se pliait elle aussi aux lois de l'Impératrice, même s'il s'agissait plus d'une mascarade pour satisfaire la foule que d'une véritable nécessité. Dans la famille de la Rose, le sang était pur, d'un pourpre immaculé et aucun membre n'y faisait exception. Malgré tout, la princesse se prêta au jeu et se rendit dans la journée à la Cour de justice, non pas pour y travailler, mais pour soumettre son sang au test. Elle était accompagnée de Luis, qu'elle ne quittait que très rarement lors de leurs déplacements officiels. Depuis que quelqu'un avait essayé d'empoisonner Helmina et le reste de la famille impériale, Aloisia évitait de se retrouver seule lorsqu'elle quittait l'enceinte du palais. Sa main était posée sur le bras de son époux, alors qu'ils marchaient tout deux vers les employés qui effectuaient les prélèvements. Les visages alentours se posaient sur leurs deux silhouettes. Le menton haut, Aloisia affichait un sourire poli sur son visage. A l'affût, elle ne pouvait s'empêcher de faire attention à chaque détails, malgré les gardes qui les escortaient. « Je suis bien contente que Lena soit restée au palais. » Il avait été décidé que les enfants resteraient au château, et que leur prélèvement leur serait fait sur place. Une décision qui soulageait la rousse. « Je te laisse y aller en premier. » Le sourire d'Aloisia se fit plus franc, tandis qu'elle observait Luis.

En tant que Rosenwald, et plus encore ne tant que couple héritier, Aloisia et Luis se devait de montrer l’exemple. Il ne faisait aucun doute que leur sang serait d’un pourpre profond, caractéristique obligatoire pour être qualifié de sang pur. Ils savaient qu’ils l’étaient, étant donné qu’ils maitrisaient la magie sans prononcer le moindre mot. Ce recensement était surtout destiné à séparer les mêlés – légaux – et les magiciens qui se faisaient passer pour des mêlés. Luis arriva avec son épouse dans la cour de justice, où beaucoup de sorciers faisaient la file pour être recensés. Les gardes du palais les menèrent à un bureau où moins de sorciers étaient emmenés – sans doute placé sous plus de surveillance -. « Je suis bien contente que Lena soit restée au palais. » Luis hocha la tête, il n’avait pas oublié la frayeur qu’il avait eu quand la petite avait disparu de sa vue, alors qu’Helmina annonçait qu’on avait attenté à sa vie et à celle de leur famille. « Il ne lui arrivera rien là. » Fit-il avec un léger sourire dont il avait le secret. « Je te laisse y aller en premier. » Luis hocha doucement la tête, il posa un baiser sur sa joue et s’éloigna d’elle le temps de s’approcher du sorcier examinateur, un mêlé au service de sa famille. « Votre Altesse. » fit l’homme en baissant brièvement la tête. Luis tendit la main gauche, et l’homme l’attrapa doucement. « Faites vite. » Ordonna Luis d’une voix neutre et posée, il ne voulait pas rester des heures au milieu de la plèbe, alors que sa fille était seule dans ses appartements. Le sorcier hocha la tête et planta le bout de son scalpel dans le doigt du jeune héritier. Luis retint une légère grimace, alors qu’une petite goutte pourpre se formait à l’extrémité de son doigt. L’homme se saisit d’un tissu d’un blanc immaculé et le pressa contre l’entaille. Une petite tâche pourpre colora le tissu, preuve irréfutable de la pureté du sang qui coulait dans les veines du futur empereur. Luis récupéra sa main, de son autre main il exécuta un simple sort pour faire disparaître l’entaille. « C’est en ordre. » déclara platement le sorcier. Luis se retint de lancer un ‘évidemment’ avant de se tourner vers Aloisia, à qui il accorda un sourire de plus. « Dommage de devoir gaspiller tant de précieux sang, à cause d’une foule d’imposteurs. » fit-il tout bas, uniquement à son intention.

Hors de question que tu y ailles seule. Ces mots flottent encore entre eux alors qu’ils marchent vers l’entrée non-magique de la cour de justice, rejoignant les quelques sorciers qui s'y avancent déjà. Aux yeux des humains, ils doivent avoir l’air d’une quelconque famille lambda ; Dorian porte Wilhem, confortablement niché dans ses bras, et Ilse reste à leur côté, un chapeau de feutre tiré sur ses traits. Les sorciers auront la même impression, et il le sait. Mais en ce moment précis, Dorian Vanheycke nourrit des inquiétudes plus pressantes que le qu’en-dira-t-on ou la réputation de sa famille. Celle-ci pourra bien attendre un peu – d’une certaine façon, ils se sont déjà ‘compromis’ en acceptant la jeune femme chez eux, et apparaître en public avec elle ne changera que bien peu la situation. « Ca va aller, bonhomme, » fait-il doucement à l’adresse de l’enfant qu’il tient. « Ca ira très vite, promis. » C’est pour ta mère qu’il faut s’inquiéter, ajoute-t-il silencieusement. C’est le sang d’Ilse qui coule pourpre, pas le leur, de la riche couleur des purs, sans le nom d’une grande famille pour la protéger.
Ils ont déjà décidé. Perdre le moins de temps possible. Qu’il passe le recensement avec le petit d’abord, puis ce sera au tour de la magicienne. Ainsi, ils pourront partir au plus tôt, regagner la quiétude de l’hôtel des Vanheycke, loin de la foule qui se rassemble déjà. Pas par honte, pas vraiment, mais ce serait mentir que dire que Dorian n’a pas peur que la situation dégénère — et si une telle chose arrive, il préfère largement se tenir loin du gros des dégâts. Ce qui les entoure a déjà des airs de poudre à canon ; il faudrait être idiot pour penser que la présence des sang-purs à ce recensement s’agit plus d’une formalité qu’autre chose. Il cherche des traits familiers parmi les visages qui les entourent, une main se saisissant soudain de celle d’Ilse, comme pour ne pas la perdre.

Spoiler:

C'est le bras enroulé autour du bras de son mari qu'Angnieszka entre dans la salle où l'enregistrement aurait lieu. Elle n'était pas inquiète de la situation. Elle avait déjà vu son sang couler, et elle savait que les mots ne lui était d'aucune utilité lorsqu'elle usait de sa magie. Elle n'aurait qu'à regarder quelques gouttes pourpres couler de la petite entaille qu'on aurait creusée dans son annexe. Elle était juste quelque peu anxieuse à l'idée de la situation. Elle savait que ces affaires de sangs étaient au coeur même de l'histoire de leur espèce, si elle pouvait le dire ainsi. Pur, mêlés, magiciens, tous étaient loin d'être élevés au même rang, et cela avait toujours été. Mais leur différences semblaient s'accentuer un peu plus en ce jour étrange. L'atmosphère qui surplombait les corps qui se pressaient et qui lui semblait plus lourde que les bavardages la dérangeait. Depuis la sortie du décret d'Helmina, elle sentait le vent du changement souffler sur l'Empire, et elle n'était pas à l'aise. Elle ne savait pas trop si elle devait s'inquiéter, se méfier ou rester aussi sereine qu'elle l'avait toujours été. Enfin. Tout était relatif.

Devant eux, un coup habillé de la façon la plus banale qu'elle n'avait jamais vue. Dans les bras de l'homme, un petit garçon, qui ne devait pas encore avoir deux ans. Il la regardait de ses grands yeux bleus, si similaires à celle que la slave portaient elle-même. Elle lui adresse un grand sourire, le saluant de sa main libre. L'attention de son époux est elle aussi attirée vers l'enfant, et elle sait qu'il pense à la même chose qu'elle. Quelle merveille. L'homme qui le porte pivote un peu sur ses pieds, visiblement à la recherche de quelque chose ou quelqu'un, et la minuscule peluche du bambin s'échappe de l'emprise de ses doigts. Il émet quelques sanglots, ses yeux rivés vers l'endroit où le petit ours a atterri ; alors Ania retire son bras d'autre de celui de Konrad, se penche pour le ramasser, et l'agite devant son petit visage pour qu'il s'en empare à nouveau. « Tiens le plus fort, il risque de s'échapper à nouveau. » Elle ne s'en rend pas compte, mais son statut et ses origines imprègnent chacun des mots qui sortent d'entre ses lèvres toujours si finement maquillées. Les deux parents se retournent, intrigués, et elle leur adresse un nouveau sourire, retrouvant appui sur le bras du Lindeberg à sa droite. « Il avait laissé tomber sa peluche. » Elle s'était sentie obligée de le leur dire, comme pour justifier son intervention et les dires qu'elle avait adressé à leur fils. Elle les regarde, les observe, sourit de plus belle. Elle déteste penser ça, mais il ne lui arrive pas souvent de croiser des sorciers mêlés. Car elle est certaine qu'ils en sont. Elle ne les reconnaît pas, et chaque visage pur de ce pays est indélébilement gravé dans sa mémoire. Elle ne cesse pas de leur sourire, et reporte son attention sur le garçon. Ces yeux, il la perturbe. Elle pense à ses propres enfants, ceux qu'elle n'a pas encore, qui se verraient offert des pupilles semblables. Elle pense à son ventre désespérément plat, à sa partie du manoir désespérément vide. « Comment s'appelle-t-il ? » Elle se fiche du sang de ses interlocuteurs et de ce que la société pure pourrait penser d'un tel échange. Elle ne pense qu'au petit, et à tout l'amour qu'elle avait à distribuer.

Tu admirais la prunelle de tes yeux, ton enfant, douce Adélaïde. Si petites étaient encore ses mains, et pourtant tu sentais sa poigne sur ton épaule, les battements de son cœur contre ta peau malgré les couches de vêtements qui séparaient les vôtres. Son regard n'avait de cesse d'épier chacun des faciès alentour, ou peut-être était-ce l'endroit qu'elle admirait, les somptueuses toiles aux murs, les moulures, les dorures. Car son visage semblait serein, autant que l'était le tient. Pesante était l'atmosphère, si lourde, palpable presque. Et pourtant, tu souriais. Tu souriais paisiblement à l'enfant, et faisais vaguement bouger ton bras comme pour la bercer, l'occuper, la distraire et faire s'écouler un brin plus rapidement le temps. Ce temps perdu. « Je passe le premier. » Et finalement ton tour venait, enfin. Alors ta main libre caressait doucement le dos de ta femme, à qui tu tendais l'enfant. Bien plus patiente que toi, tellement plus douce et rassurante, peut-être qu'au creux de ses bras les larmes de votre progéniture ne couleraient – bien que tu en doutais. Là n'était de toute manière la place d'un bambin, moins encore de son rang. La vôtre non plus. Quelle offense, que d'être ainsi parqués, tailladés tel des bêtes. Et pourtant tu tendais fermement le bras, en silence. Protester, faire entendre sa voix ne ferait que retarder l'heure du départ, alors tu te contentais de soutenir le regard de l'homme, lèvres pincées, puis contemplais le linge se tâcher du noble liquide vermillon.

Il n’avait pas d’autre choix que d’y aller. Même s’il ne supportait pas le pouvoir des Rosenwald, Issa savait parfaitement qu’il ne pouvait faire autrement. Il avait donc attendu son épouse qui finissait de donner des instructions à leurs enfants. Ces derniers venaient avec eux et même si Issa n’était pas d’accord sur le fait de les amener, il savait qu’un jour ou l’autre les garçons devraient voir autre chose que leur ville natale. Après avoir fait le chemin jusqu’au palais, le directeur de la bibliothèque fit comme tout le monde pour être dans la file d’attente. Les mains posées sur les épaules de son fils aîné, il parlait avec ce dernier qui semblait avoir un tas de questions. Le plus petit étant avec sa mère. Ca ne changeait pas de d’habitude au final. Avançant doucement, il vit ceux qui étaient avant eux aller faire vérifier la pureté de leur sang. Issa ne savait pas s’il y avait des sangs mêlés dans l’assemblée, mais il se doutait que ça devait être le cas. Après tout, tout le monde devait venir et il finit par reconnaître un couple. Celui destiné à prendre la relève un jour : Luis et Aloisia. Il savait que ces derniers n’avaient rien à craindre, mais il resta les fixer un instant, avant de détourner le regard.

Son tour arriva finalement et il laissa son épouse et le petit ensemble. Faisant un sourire plein de confiance au petit garçon, il prit la main de l’aîné dans la sienne et il avança pour qu’à son tour il soit testé. Tendant la main, il regarda la personne lui faire une entaille et il prit un mouchoir pour prouver la couleur de son sang. Son fils regardait avec attention et il tendit finalement le bras. Esquissant un sourire, il le laissa faire la même chose et il prouva également que son sang était tout à fait normal. Reculant, il laissa son tour à son épouse et leur fils. Regardant autour d’eux, il devait avouer qu’il n’avait pas mis les pieds ici depuis très longtemps. Il y était venu une seule fois, donc il en profita pour noter tout ce qu’il voyait. C’était dans sa nature, mais c’était également une question d’observation pour lui. Après sa conversation avec son beau-frère, il comptait bien noter tout ce qu’il pourrait et le lieu où il se trouvait était une très bonne chose. Mais, il gardait tout de même un œil sur son épouse et leur fils au cas ou.

Puérile. Ce rassemblement n'était rien qu'une preuve de la faiblesse du trône d'Allemagne. Incapable de garder son propre pays en sécurité. Comment les gens pouvaient-ils encore avoir la foi auprès de cette impératrice. Toi, tu l'avais perdu depuis ta naissance. Les Löwewald méritaient ce trône plus que n'importe qui. Il fallait l'impératrice fasse face à la réalité. Son monde s'écroulait, ses partisans l'abandonner, elle serait bientôt seule. Si ce n'est ses pauvres fils qui ne cessent de la suivre comme des petits chiots. Impossible de voir autrement que part leur mère. Tu détestais les impératrices de la rose, en particulier Luis. Alors que tu prenais la direction de la cour de justice pour cette histoire de recensement, tu soupires. Ta femme à tes côtés. Tu ne lui adressais aucun regard, aucun coup d'oeil. Il n'y avait même pas de contact entre vous. Tu lui en voulais. Tu étais toujours en colère d'avoir découvrir cette histoire avec ce mêlé. Ton visage était neutre et lorsqu'enfin la cours de justice apparaît, tu remarques le nombre de personnes qui s’attellent devant. Tu lèves les yeux au ciel. Une perte de temps. Tu soupires d'une élégance modérée. Pourquoi diable étais-tu obligé de venir ici. Il commençait à y avoir trop de monde, d'un geste brusque tu attrapes la main de ton épouse, sans pour autant lui accorder un regard de ta part. Essayant de vous guider à travers la foule.

Quelle idée ridicule que cet enregistrement du sang. Si l’on y convoquait tous les mêlés tu comprendrais, après tout certains d’entre eux sont des magiciens qui tentent de rester incognito. Chez les purs ce n’est qu’une tentative – qui s’avèrera sans doute futile – de fragiliser des familles en montrant que leur sang peut être moins pur qu’ils ne le pensent. Tous les sang-purs sont allés à l’académie de Goldadler, prouvant bien qu’ils n’ont besoin d’aucune incantation pour pratiquer la magie. Quant à l’idée d’un magicien usurpant l’identité d’un sang-pur, elle est tout simplement ridicule, vous êtes trop peu nombreux, tous les regards sont tournés vers vous, vous vous connaissez tous. L’arbre généalogique de chacun est quasiment affiché sur son front. Tu es d’avis que cette mascarade est une démonstration de faiblesse d’un empire qui est obligé de tout recenser parce qu’il n’arrive pas à contrôler sa population. Tu es venue accompagnée de ton mari, vous êtes après tout des partenaires efficaces. Vous fonctionnez réellement comme une alliance, loin de chercher à mêler des histoires de cœur à une relation politique, professionnelle et amicale parfaitement viable. Alors tous deux vous avez toujours l’air forts, prêts à en découdre. Tu te diriges vers ton frère aîné avec un sourire. « J’ai bien peur qu’il soit temps pour nous de frimer un peu Akira. On aura le sang le plus pourpre de la salle avec père, j’espère qu’ils nous laisseront partir vite comme ça, j’ai des dossiers à finir. » Tu n’as pas pour habitude de te vanter de ton sang ou même d’être fière des familles dont tu fais partie. Il faut reconnaître cependant que c’est parfois bien pratique. En cet instance par exemple, où aucun doute ne pourra subsister. S’il y en a bien qu’on n’accuse pas de mentir sur la pureté de leurs globules rouges c’est les Nishimura.

Elle avait été obligée de revenir de son séjour à Paris par le premier moyen de transport possible - et non le plus agréable. Elle avait dût mettre un terme à son travail alors même qu'elle était en pleine négociation avec une librairie influente de la capitale française pour obtenir une distribution de son catalogue spécialisé "Histoire et Sorcellerie" - le marché français était dans sa ligne de mir depuis plusieurs mois maintenant... Elle était sur le point d'obtenir un accord raisonnable... Et pourquoi avait-elle dû rentrer sur Berlin ? Pour faire enregistrer son sang ?
Elle n'en croyait pas ses oreilles. Son frère aîné l'avait contactée pour l'informer de cette procédure et elle avait d'abord répondu qu'elle serait revenue d'ici la fin du mois. « Je ne pense pas que cela puisse attendre la fin du mois, Ode. Il faut que tu rentres rapidement pour faire l'enregistrement... C'est un devoir impérial... » Un devoir impérial, avait-il dit. Devoir enregistrer son sang, prouver qu'il était pur - alors même qu'elle arrivait d'une illustre famille, d'une pureté exemplaire depuis des siècles, si ce n'était des millénaires - était à ses yeux une humiliation. Elle avait toujours fait montre d'un certain orgueil lorsqu'il s'agissait de son nom de famille et des prestiges qui y étaient associés. Les Dulac n'avaient rien à cacher, certes, mais il n'avait à ses yeux, rien à prouver non plus.
Pour autant, elle avait du respect et de l'admiration pour la Rose Impériale. C'était un modèle et elle avait très certainement ses raisons, ses justifications - qui valaient bien n'importe qu'elle réclamation. Et il y avait tant d'imposteurs, de menteurs au sang éventé. Une honte.

Il y avait déjà foule dans la salle d'enregistrement. Beaucoup de têtes connues, de familles connues et étrangement, à l'amusement d'Odélie, principalement des membres de familles pures avérées. Elle ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire. « Est-ce vraiment un enregistrement du sang ou bien est-ce en réalité une réunion de pourpre ? » Quelle mascarade. Mais si c'était un devoir, elle s'y plierait. Elle n'avait aucune raison de ne pas le faire. Elle était une Dulac et les Dulac ne se défilent jamais.

Enregistrement du sang
Saison 1 épisode 2

Ce devoir impérial venait semer le trouble dans ton exil. Tu avais beau t'être réfugiée dans la demeure familiale pour éviter les questions inquisitrices à propos de l'incendie, cela ne faisait pas de toi un cadavre qui pouvait se défiler face à la tâche qui t'étais demandée. D'autant plus que si tu ne t'y présentais pas, cela serait une déclaration publique de ta mort et cela ne rendrait que ta situation encore plus compliqué qu'elle ne l'était déjà. Tu n'avais d'autre choix que de te présenter parmi les autres sorciers... Cette perspective était loin de plaire à ton meilleur ami. Il savait pertinemment que te faire sortir de l'ombre sans faire de bruit ne serait pas une chose aisée. Il avait scrupuleusement analysée ta tenue avant de te laisser sortir. Rien de trop tape à l’œil, tes cheveux était lâché et une capeline pourpre venait d'avantage masqué ton visage, sans pour autant être trop imposant pour attirer les regards. C'était le genre d'accessoire très en vogue, qui passerait très bien dans la marée humaine qui se pressait vers la cours de justice. Mietek te tenait le coude, il te guidait, tu 'étais qu'un vulgaire pantin qui avançait bêtement là où l'on te disait d'avancer. Tu cherchais dans la foule quelques visages familier, mais tournait rapidement ton regard au sol avant que le tienne ne le devienne. Tu aurais voulu voir Aksel... Mais d'une certaine façon, il ne pouvait pas te voir avec ton meilleur ami, cela risquait de mettre ce dernier dans le même panier que toi.

Bella resta quelques minutes à observer le sol ocre sur laquelle elles évoluaient depuis quelques secondes. L’endroit reflétait la personnalité de l’impératrice, il était comme l’on dit si souvent : à son image. Pourtant tout ce qui brille n’est pas d’or… Non loin d’elle, l’idée de critiquer leur si aimée dirigeante  - quoi que - Disons juste qu’elle n’avait tout simplement jamais aimé le petit air rogue toujours dessiné aux coins de ses lèvres. Puis c’était connu, la brune avait un léger souci avec l’autorité ! Elle aurait aimé se trouver n’importe où, mais surtout pas là. Elle essaya de se rappeler l’odeur des andains, quand l’herbe sèche vient tout juste d’être fauchée et mis en tas. C’était une odeur qu’elle aimait tout particulièrement, elle lui rappelait la nature et les chevaux bien sûr. Souvent la belle tentait de s’échapper dans ses pensées, mais malgré sa bonne volonté, elle n’arrivait pas à décoller de cet endroit. Plus les secondes s’écoulaient et plus les files s’allongeaient. Des têtes connues pour la plupart l’entouraient désormais et la jeune Fuchs s’arma de son plus beau sourire. Ce n’était pas le moment pour qu’elle montre son mécontentement, même s’il était bien présent. Tant que personne ne venait la sambouler, les choses devraient bien se passer, même si la brunette détestait toujours la foule. Elle n’était d’ailleurs pas la seule, sa sœur n’était pas en reste de commentaires désobligeants sur ce qu’on leur obligeait à faire en ce début de soirée. N’auraient-elles pas étaient mieux à cheval, leurs cheveux ventoyés par les folles galopades qu’elles auraient pu se permettre dans les champs tout juste fauché. A la place, elles se trouvaient obligées d’attendre en compagnie de sang pur, de magiciens et de sorciers. Autant donc dire qu’il y avait de forte chance pour qu’un attentat ne mette un terme à leur courte, mais, néanmoins belle vie. Devant elle, se trouvait un homme sûrement victime d’alopécie vu le peu de cheveux qui lui restait encore sur la tête. D’un coup d’œil, la brune l’indiqua à sa sœur avec un petit sourire narquois affiché sur son visage angélique. Il fallait bien qu’elle trouve une distraction pour passer le temps. Elle venait de terminer depuis longtemps de regarder les lieux, et ce n’était pas la statue de la vouivre qui réussirait à lui changer les idées. Elle n’avait plus qu’à espérer qu’elles passent rapidement. « Si je voulais faire un attentat ça ne serait pas l’endroit que je choisirais, trop de mélange. Mais d’un côté si on veut tous nous tuer, c’est l’idée du siècle qui se soucie des dommages collatéraux après tout ? » Plus personne… Bella savait de quoi elle parlait.

Après quelques minutes d'attente, Bella passa derrière le pendrillon. Son regard bleuté se posa sur une femme aux paroles dithyrambiques. Qu’importent les éloges qu’elle pouvait faire sur sa beauté et sur la couleur de son sang, cela ne changeait pas le fait qu’elle venait de lui piquer le doigt. Croyait-elle vraiment que le fait de la brosser dans le sens du poil suffirait à faire accepter ce traitement à la brune ? Et bien non… Bella sortit rapidement et retrouva sa sœur. « J’espère que nous au moins avoir le droit à un buffet, j’ai faim . » Dans quelques heures, sa piqûre ne serait plus qu’un souvenir évanescent, mais qu’importe, maintenant qu’elle était là, elle espérait au moins n’être pas venue pour rien. « Penses-tu que nous devrions nous mêler à nos semblables ? » Et ils étaient nombreux. Du coin de l’œil, elle désigna Odélie Dulac, la meilleure ennemie de sa sœur… Quelque chose comme ça, enfin si elle avait bien suivi l’histoire. "J'ai encore les odeurs d'andain dans le nez, c'est tellement mieux que les odeurs de transpirations, tu devrais essayer." Laissa t'elle échapper juste après qu'une personne transpirante passe juste sous leurs nez, laissant ses effluves mal odorantes titiller l'odorat délicats des soeurs Fuchs

Tes oreilles bourdonnaient. Le bruit était incessant. Tu entendais tout le peuple jactait. La fatigue rendait toutes ces voix insupportables. La colère contre diverses choses, ta femme, les Rosenwald, n'arrangeait rien à la situation. Mais tu ne montrais rien. Maître de l'impassible, tu ne voulais pas que ton peuple te voit si vulnérable, prêt à exploser. Un sourire fendit tes lèvres lorsque ton regard croisait celui de nombreux sorciers. Il fallait qu'il voit en toi, un symbole, une nouvelle ère où le monde serait bien meilleure. Où leur rôle, plus important, leur situation et pouvoir bien plus grands. Qu'il n'y ait pas toutes ces inégalités causées par le règne de leur chère impératrice. Quoique cela ne devais plus être le cas. Sinon, il n'y aurait jamais eu ces attentats lors de sa cérémonie d'anniversaire. Cet enregistrement n'aurait alors pas eu raison d'être. Ce n'était qu'un simple représentation de la peur de l'impératrice, qu'une simple démonstration de leur manque d'intelligence. Parce que cet enregistrement montrerait au peuple qu'ils sont loin d'être tous égaux. Les inégalités entre rang vont se creusait, la révolution éclatera et tu en seras le chef de file. Voilà, un avenir qui te semblait correct. Pour le moment, tu devais toi aussi passer cet enregistrement. La queue était longue et tu ne pouvais te permettre, simplement parce que tu étais un Löwewald de passer devant tout le monde. Il fallait leur montrer que tu les considérais tous comme tes égaux. Même les sorciers mêlés. Bien que ton père t'est toujours appris le contraire, mais pour l'instant tu devais conquérir le coeur de chacun. Toutefois, tu ne pouvais cacher les tensions dans ton couple. Tu avais découvert récemment des choses qui ne t'avaient pas réellement plu. Des choses que tu aurais souhaité ne jamais découvrir. Tu en voulais à ta femme qu'elle ait aimé cet homme-là. Tu détestais cet homme-là, d'être ton rival, alors qu'il n'était qu'un sorcier de sang-mêlé. Alors qu'il n'était rien. Ta main dans la sienne, pour passer à travers la foule qui bloquait le passage, ta femme vint glisser quelques mots à ton oreille. Tu lèves les yeux au ciel. Sans chercher à être discret, tu lui dis : « je n'ai pas envie de t'embrasser là où il a déjà mis ses lèvres. Encore moins pour faire semblant. » Ton regard la fixait pour la première fois depuis qu'ils étaient arrivés sur place. Cependant, il était dur et remplit de reproche. « Mais rassure toi, je vais leur montrer que tu es une femme parfaite, qui comble ma vie, d'un bonheur certain. » Les mots étaient ironiques, peut-être durs, mais tu ne pouvais cacher la jalousie qui s'emparait de toi, ainsi que la colère, la frustration. Un sourire se dessine sur ton visage, tu prends un air d'homme amoureux lorsque tu regardes ta femme, pour montrer à ce peuple que tu es heureux. Mais elle est la seule à voir cette lumière de colère dans tes iris.