Elle est là, assise sur le bord de l'étang derrière la maison familiale. Vidya. Elle observe son frère et sa soeur qui patauge dans l'eau, ils sont allés tellement loin que le bas de leurs vêtements est mouillé. Vidya, de son côté, n'a pas voulu les suivre, elle voulait éviter d'endommager sa nouvelle robe, mais cela ne l'a pas empêché de s'affaler dans l'herbe fraîchement tondue afin d'observer les autres. Elle remarque vaguement sa petite soeur Marya, à sa gauche, qui tente d'attraper quelques papillons qui passent près d'elle. De l'eau lui atterrit sur le visage et sur le torse. Elle fronce les sourcils et plisse les yeux afin de déterminer qui, de son frère ou sa soeur, est le coupable. C'est Viktor, elle le sait et ce dernier, il sait qu'elle a compris. Il lui lance à nouveau de l'eau, maintenant qu'il est plus près d'elle, c'est facile. « Viktor arrête ça ! Reste loin de moi ! » Elle est loin de sembler autoritaire, mais elle a croisé ses petits bras sur sa poitrine, afin de sembler un tant soit peu sérieuse. Son frère, un sourire en coin recommence, alors qui lance aussi de l'eau sur Valeska. Vidya qui, malgré ses bonnes intentions, est à présent mouillé se jette dans l'eau afin d'arroser son frère à son tour. Elle sait qu'elle ne gagnera pas cette bataille, mais elle se devait de tenter quelque chose. « J'ai réussi à te faire entrer dans l'eau ! Gagné ! » Il lui tire la langue le gamin, ravi d'avoir réussi son coup. Vidya ne lui en tient pas rigueur, comment le pourrait-elle. Ils sont inséparables ses trois-là. On dirait presque qu'ils n'ont jamais quitté le ventre de leur mère et qu'ils sont encore ensemble, dans un charmant cocon, bien protégé du monde extérieur. Leur mère leur a souvent répété d'intégrer leur petite soeur, Marya, à leurs jeux, ou encore d'essayer de suivre leur frère Ugo dans les activités qu'il proposait ou pratiquait ... Mais ils n'en voyaient pas l'intérêt. Pour être bien, ils n'avaient besoin que d'être tous les trois.


À n'en pas douter, on lui cachait quelque chose ... Elle ne savait ni quoi ni pourquoi, mais elle savait qu'on lui cachait un truc. Elle avait entendu son frère et sa soeur parlé la nuit dernière, mais trop fatiguée, elle n'avait pas compris un traître mot de ce qu'ils avaient dit ... Cependant, elle savait que quelques choses les tracassaient, Valeska plus que Viktor, mais elle ne comprenait pas quoi. Ils ne lui en avaient pas glissé mot, surement pour la protéger, ils faisaient toujours ça et elle les laissait faire ... Mais la protéger de quoi . Leur mère était resté dans sa chambre toute la journée, sans daigner en sortir pour donner ne serait-ce qu'un peu d'attention à ses cinq enfants. Leur père était parti très tôt dans la journée et Vidya avait senti que la tentions était palpable entre ce dernier et Ugo. Elle ne comprenait rien. Elle avait voulu aller voir Ugo, pour lui en parler, mais elle n'avait pas osé et de toute manière, ce dernier avait aussi quitté la maison quelques minutes après leur père. Eh puis, évidemment, Marya n'en savait rien, comment aurait-elle pu ? Elle choisit finalement d'aller voir sa mère, dans sa chambre, autant pour la sortir de son mutisme que pour tenter d'en apprendre un peu plus. Elle toqua quelques coups à la porte de sa chambre avant d'entrée sans attendre de réponse positive.« Maman ? » Cette dernière releva la tête, sans rien lui répondre. Elle pinçait les lèvres, elle avait le regard vague et semblait préoccupée. Vidya s'approcha d'elle, tout en douceur. Elle n'avait pas envie de brusquer sa mère, derrière son envie de savoir, il y avait une trop forte envie d'aider sa mère qui semblait nager en pleine tourmente. « Qu'est-ce qui se passe ? » Toujours aucune réponse. « Tu dois me le dire ... Papa est partie tôt ce matin. Pourquoi ? Il ne travaille pas aujourd'hui ! Et Ugo ? ... » Le nuage qui planait au-dessus de sa mère ne semblait qu’agrandir. Vidya soupira, incapable de dire ce qu'il fallait. « Maman ... Qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce qui te préoccupe ? » Ce dernier fini par relever la tête et elle offrit à sa petite fille un sourire qui semblait sincère, mais qui était malgré tout tinté de tristesse. « Ohhh ma chérie. » Elle semblait manquer de force et peut-être était-ce le cas. « Ton frère. Ugo. A commis, une grave erreur ... et il s'en veut. Ton père ... A tenté, va tenter, de réparer l'erreur commise par ton frère. Mais s'il n'y parvient pas .. Je ... on ... » Elle n'arriva pas à poursuivre, la gorge nouée et Vidya, frappée par les sentiments n'arriva pas à l'inciter à poursuivre. Elle se contenta de se rapprocher de sa mère et de la serrer dans ses bras. Elle découvrirait bien assez vite de quoi il en retournait.


« PAPAAAA !! » Son cri déchire la nuit, désespéré, elle tente de se précipiter vers son père qui s'écrase durement sur le sol. Sans vie. Sa gorge se noue, son coeur s'emballe et ses yeux deviennent rapidement larmoyants. Elle est bien vite stoppée dans son élan Vidya, sa soeur, précédée par son grand frère la tire à l'extérieur de la maison presque de force et l'encourage à courir à leur suite. Elle a de la difficulté Vidya, son coeur, déjà éprouvé n'arriva pas à supporter cet effort très longtemps, elle le sait ... Mais pourtant, elle essaie, parce qu'elle ressent l'urgence de la situation. Boum boum. Boum boum. Son coeur fait un vacarme effarent, c'est tout ce qu'elle entend, tout ce qu'elle souhaite entendre. Les cris dans sa tête, ceux de sa mère et de sa soeur sont enterrés, volontairement, par les battements acharnés de son coeur. Elle ne voit pas bien, la petite, sa vue est brouillée et elle n'arrive à avancer que parce que sa soeur lui tient la main. Elle a envie de fermer les yeux et de se recroqueviller sur le sol. Elle n'arrête pas de voir son père tombant sur le sol, foudroyer pas un sort mortel et sa mère, gisant à ses côtés. Elle se rappelle vaguement que cette dernière a tenté de protéger sa soeur, Valeska. Valeska, elle la cherche, mais ne la voit pas, pourtant, elle n'est qu'à quelques centimètres d'elle, elle le sent puisque sa main est dans la sienne et c'est là que tout bascule, elle s'écrase sur le sol. Douloureuse. Vidya est étourdie, désorientée, elle n'y voit toujours rien et à présent, elle est seule. Non, c'est faux. Valeska est revenue, pour elle. « Plus vite ! » Ugo, l'urgence dans sa voix est palpable et Vidya tente tant bien que mal de se relever le plus rapidement possible, mais elle n'est pas assez vive. Alors qu'elle se remet sur ses pieds, son grand frère est touché par un sort. Mortel. Le même que celui qui a tué ses parents. Elle crie, inconsciente. « NOOONNN » Elle a l'impression que ce n'est pas elle qui a parlé, pas elle qui a agi ainsi, mais il n'en est rien. Déjà remise sur pied, il ne suffit que d'une poussée de Valeska pour que Vidya se remette à courir, par automatisme, son corps sait ce qu'il doit faire ... Fuir. Le plus loin possible et le plus vite possible ... Heureusement, car l'esprit de la petite dernière n'est plus fonctionnel. Assaillit pars tant d'émotion qu'il a finie par saturer. Son esprit a craqué, mais son corps non. Cette soirée, fut la pire d'entre toute dans la vie de Vidya, celle qui changea tout, qui lui enleva sa famille, sa vie, son identité et elle en fait encore des cauchemars ... Il n'est pas rare qu'elle se réveille la nuit, en sueur et en larmes. Certains pensaient qu'à agir ainsi il ne se lierait jamais d'amitiés avec personnes ou ne découvriraient jamais le monde extérieur ... Mais en grandissant, ils ont appris à vivre séparément, momentanément. Ils finissaient toujours par se retrouver. Liés, de par leur naissance commune. Un lien qu'eux seuls comprenait et qui menait la vie de Vidya. Elle suivrait son frère et sa soeur jusqu'au bout du monde s'ils le lui demandait.


Elle est plantée là. Face au miroir modestement ouvragé d'une chambre qui n'est pas la sienne. Elle semble figée, son reflet l'est tout autant. Il y a de cela un peu plus de 3 ans, elle a réussi à se dégoter un boulot dans le palais des Wolffhart, la petite. Elle ne l'a pas rejeté, après tout, il s'agissait d'un endroit de choix quand vient le temps de récolter quelques informations sur les sangs purs. Elle était là pour ça Roskana. Écouter et observer, mais sa tâche ne s'avérait pas des plus ardues, car la dame pour laquelle elle travaillait avait la langue bien pendue et au fil du temps, elle avait fini par avoir confiance en la charmante petite brune au visage si doux et si charmant. S'il s'avérait que parfois, madame Wolffhart avait de la difficulté à se confier Roskana parvenait toujours à lui délier la langue et à la faire parler. Elle s'avérait être une parfaite confidente et le rôle lui sciait à merveille ... En apparence. Lorsqu'elle se retrouvait seule, le soir, dans une minuscule chambre du palais de sa " maîtresse ", elle avait de la difficulté à faire autre chose que ruminer son passé. Elle n'avait jamais réussi à tourner la page, alors que ses jumeaux, eux, allaient de l'avant ... Elle avait tenu à garder sa couleur de cheveux naturelle, contrairement à ses moitiés, afin de posséder quelque chose qui la reliait à son passé ... Passé qui avait brûlé en cendres quelques années plus tôt. Elle porta une main à ses cheveux, cheveux qu'elle avait d'ailleurs coupés lors de leur changement d'identité, mais qu'elle avait fini par laisser repousser. Elle soupira, avant de se laisser tomber sur son lit. Elle n'arriverait pas à dormir, pas tout de suite ... et lorsqu'elle y parviendrait les cauchemars ne tarderaient pas à venir envahir son fragile sommeil. Elle rêvait plus souvent d'Ugo que les autres. Sa mort pesant sur la conscience de la dernière-née des triplés, mais généralement, alors que la culpabilité l'assaillait de pleins fouets, elle se transformait souvent en haine, en colère ... C'était la faute d'Ugo si tout le monde avait péri ainsi le soir du drame. C'est lui qui avait causé du tort à la famille et qui les avait placées dans une telle situation ... Elle vivait dans le passé Roskana et ce n'était pas bon pour elle, ni pour sa couverture. Elle ne voyait plus autant son frère et sa soeur qu’auparavant et cela lui pesait lourdement. Avec le temps, son poste au palais des Wolffhart avait pris un peu plus d'importance et elle ne quittait que rarement le chevet de la femme de Milan Wolffhart. Néanmoins, elle revenait toujours vers ces derniers, et eux aussi, car malgré la tâche qui les incombait, il revenait toujours ... Par instinct, par nécessité. Cette petite maison, en ville, que tous les trois possédaient était la seule chose qui, pour Roskana, se rapprochait le plus d'un foyer ... D'une maison. La leur. « Vid ... Vi ... » Il y a longtemps qu'elle n'a pas osé prononcer son prénom et cela lui pèse de plus en plus. Elle a l'impression de perdre lentement, mais surement, contact avec son ancienne identité, celle qu'elle était avant et qu'elle ne veut pas oublier. Elle veut à tout prix se rappeler, pour son bien-être et aussi pour le bien de leur ''mission'' ... Elle ne doit rien omettre. « Vidya » Un simple souffle, presque inaudible.

TADAAAAAAAAM. Une pluie de paillette et d'amour s'abat sur toi pour fêter ta validation. Elle est pas belle la vie? En tout cas, tu as fièrement courageusement bravé l’épreuve de la fiche de présentation et voilà ce que j'en ai pensé :
Of course que je te valide, tiens. Parce que ta plume est toute jolie et parce que cette histoire est géniale. (comment ça, je suis pas objective ? Comment ça, j'ai ton frangin en scénario ? )
Fais-nous rêver