1987 – 『Where it all began』
« Helma reviens tout de suite ! Comment oses-tu nous faire aussi honte ?! Nous qui t'avons tout donné ! ». La jeune femme dont le nom venait d'être hurlé continua son chemin, sa valise traînant derrière elle. Maudissant son sang et son statut de deuxième héritière qui l'empêchait d'aimer l'homme qu'elle avait choisi. Oui, elle aimait un homme sans pouvoir et pour ça on la blessait autant que possible. Malheureusement elle n'était pas étonnée de ses comportements. Dès que son cœur avait choisi, elle savait à quoi elle allait faire face. Sa mère continuait de crier sa rage, mais le vent et la distance venaient assourdir sa voix. Le son des graviers sous ses pas vinrent la calmer. Une voiture grise garée fut en vu au bout de l'allée. Son amant l'attendait. Ce dernier savait le froid que leur relation avait lancé. Elle lui avait tout avoué, sa magie, son sang, ses coutumes. Malgré tous il était resté, Julian était resté, il lui avait souri et avait pris délicatement ses mains, l'avait fait rire comme il savait le faire. Pour cacher sa peine et ses angoisses elle se força à sourire, mais son expression attristé lui confirma une fois de plus qu'il la connaissait par cœur. « Tu es sûr de vouloir faire ça ? Tu ne pourras plus revoir ton frère. ». Elle douta, son petit frère lui manquerait, mais en regardant leurs mains liés, ce doute fut vite écarté. « Il comprendra. Je veux construire ma vie avec toi. », sur ces mots elle contourna l'auto pour y mettre ses affaires sous son regard avant d'embarquer. C'est souriant à un avenir prometteur qu'ils partirent, ignorant le regard haineux de la matriarche sur eux.

1989 – 『A New Meeting』
Son amour mort, Helma n'aurait jamais crût que ressentir encore un quelconque sentiment serait encore possible pendant ces sept derniers mois. Mais aujourd'hui, alors que la sœur de celui qu'elle avait aimé, allait mettre au monde son enfant, le neveu de Julian. Elle se sentait toute excitée à l'idée de voir cette nouvelle petite bouille. Les deux femmes après le meurtre de leur époux respectif s'étaient liées d'une très grande amitié. Marianne l'avait soutenu et ne lui en avait pas voulu. Pourtant, Helma ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable pour leur mort. Sa famille avait dû vouloir éradiquer ce qui la menait loin d'eux et qui leur portait préjudice. Son envie égoïste avait tué deux hommes qu'elle affectionnait. Mais le moment n'était pas aux mauvaises pensées, sa belle sœur avait besoin de son aide. Isolée et protégée grâce à son petit frère Henry, qui avait réussi à la retrouver il y a peu de temps, elles s'étaient préparées à l'accouchement de Marianne pour bouger hors du pays. Avant que les contractions commencent, Helma lui posa une question. « Comment as-tu décidé de l'appeler ? » « Nous avions décidé.. Nous avions décidé de l'appeler Fancy »

2003 – 『When it is difficult to learn』
Rah ! J'ai encore ramené le sujet sur le tapis.. Mais pourquoi maman ne veux pas comprendre. Je suis si déçue et choquée, pour la première fois nous nous sommes hurlées dessus. Maman. Ce n'est même pas ma vraie mère. La mienne est morte en me mettant au monde. Je ne veux plus rien savoir ! Rien ! Ça fait trop mal ! Ma colère embrouille mes pensées déjà malmenée depuis quelques jours. Déjà que je dois faire en sorte que personne ne découvre que je ne suis pas une sang-mêlée, maintenant je découvre que je ne suis pas liée par le sang avec ceux que je considère comme ma famille. Un autre sanglot me déchire la gorge alors que je sors dans la rue à la recherche d'un endroit isolé. Les gens me regardent bizarrement, qu'importe ! J'ai besoin de m'évader. Dire qu'oncle Henry le savait ! Je me sens trahie. Qui suis-je au fond ? J'ai bien compris que mère et moi n'étions pas la bienvenue chez les Cederbaum, mais s'ils apprennent ce que mère et Henry savent sur mon identité..
Je n'ose l'imaginer, ils ont déjà probablement tué mon père et mon oncle biologique, ils n'auraient aucun scrupule à continuer sur cette voie.. Maman m'a raconté qu'à la mort de Marianne, ma véritable mère et la dame qui sourit sur la photo que je tiens, elle n'a pas hésité à me protéger en fuyant avec oncle Henry pour faire croire que l'enfant était le sien. Donc même ma date de naissance n'est même pas la bonne. Il y a-t-il seulement quelque chose de vrai dans mes papiers identités ? Ah.. Mon sexe déjà, dur de faire passer le contraire, ironie du sort j'ai l'habitude de me comporter et de m'habiller en mec.. Comment a-t-elle réussi à berner les autorités ? À chaque fois que je lui pose la question, soit oncle Henry me dit qu'il ne faudrait mieux pas que je sache. ''Magouille'' et ''personnes pas fréquentable'' sont les mots qui ressortent souvent quand j'insiste. Mère quant à elle se contente d'ignorer la question...

Je regarde mon collier forgé en l'honneur de la déesse Louve. Mère l'adore et moi aussi. Et avec ce que je viens d'apprendre, je pense que mère se retrouve en cette femme qui n'a pas eu son propre enfant. Je sais qu'elle m'aime et que malgré que ce ne soit pas elle qui m'ait mis au monde elle me considère comme sa fille. Je soupire face à ma bêtise. J'ai dis des mots que je ne pensais même pas, je dois l'avoir blessé. Les nerfs m'ont lâché, mais maman à supporté bien pire que moi. Malgré notre retour dans la famille, dont je ne garde aucun souvenir -à deux ans on ne se souvient pas grand chose-, nous sommes restés le plus loin possible de la demeure familiale. Mère a refusé le mariage arrangé que ses parents lui imposaient, elle refuse de trahir celui qu'elle a aimé. Bien sûr les grand-parents grincent des dents et les relations empirent de jours en jours. Je me demande encore comment oncle Henry peut bien s'en sortir des deux côtés. Il n'a pas l'air d'être détesté par les autres et mère lui ouvre toujours la porte et n'a pas hésité à lui dire toute la vérité. Mystère. D'ailleurs en parlant d'eux, j'imagine qu'ils doivent être mort de peur après m'avoir vu partir. Heureusement que maman portait seulement sa robe de chambre et qu'oncle Henry n'avait pas fini d'immerger de son sommeil, sinon j'aurais eu deux furies à mes trousses. Quoi qu'en y repensant, ce serait plus la surprise dû à mon geste que la robe de chambre qui aurait figé mère et sa carafe de lait. Oui, c'est sûrement cela, la connaissant elle n'aurait pas hésité à sortir mal coiffée et accoutrée de son joli vêtement violet pétant. Rien qu'à y penser un fou rire me prend et vient apaiser toute colère. Je ne sais même plus comment cette dispute à exploser ce matin. Une bricole comme d'habitude qui a fini en règlement de compte.Un rien nous échauffe tous les trois en ce moment, à cause de cette foutue réunion familiale, ces dernières nous mettent toujours les nerfs en pelote. Mais l'argent ne pousse pas dans les arbres et maman n'a pas un travail très stable, heureusement son statut de deuxième héritière la maintient dans les comptes bancaires de la famille. Au moins un point positif d'être lié à eux.. Galère. Comment vais-je bien pouvoir rentrer maintenant ?

2016 – 『Life goes on』
L'alcool ne serait décidément pas assez fort pour calmer ce malaise. Ces fameuses réunions familiales n'étaient pas sa tasse de thé. L'odeur du tabac de son bon vieux casino lui manquait à chaque bouffée de parfum coûteux qu'elle inspirait depuis qu'elle avait mis les pieds à ce fameux bal. Fancy ne se sentait manifestement pas à sa place. Et ce n'était pas parce qu'en réalité elle ne partageait pas le même sang avec les autres -s'ils savaient..-, mais parce que l'ambiance et le comportement des hôtes n'était pas des plus agréable. Son regard s'accrocha à celui caramel de son oncle, son seul allié dans cette bande de requins. Bien que son expression exprimait un certain mécontentement. Aïe. Bon elle savait qu'en troquant la magnifique robe qu'elle avait pour un costard cravate, oncle Henry allait se fâcher. Sa mère, elle, aurait ri et aurait compris, même aurait-elle suivi sa fille pour l'encourager, mais elle n'était plus là, plus là pour se réjouir de la mine déconfite qu'ils avaient tous sait en la voyant, plus là pour lui dire bonjour ou bonne nuit, plus là pour faire les pitres ensemble, elle était partie dans un souffle. Non. Ne pas y penser. Ne pas se déstabiliser, surtout entouré de l'ennemi. Elle s'engouffrerait plus tard dans ces tristes souvenirs. Chez elle, avec son chat aux mille prénoms. Mais à quand plus tard ? Le fond d'écran de son portable lui renseigna l'heure.. Seulement neuf heure ?! Cette éternité n'avait durée qu'une demi-heure.. Heureusement, la jeune magicienne était arrivée en retard. « Des minutes de mon existence non gâché à cette réunion foireuse » murmura-t-elle sur la terrasse, loin des vautours.

Résolue à tenir au moins une des promesses qu'elle avait fait à son oncle, soit de tenir jusqu'à minuit, elle trempa ses lèvres, sèches à cause du froid, dans le champagne coûteux qu'elle avait piqué à l'un des serveurs. Oui, ''piquer'' était le bon mot, car le personnel, qui devait avoir eu vent de sa place en tant que ''la vilaine enfant hors mariage'', semblait l'éviter comme la peste. Sa grand-mère avait beau eut faire ça pour la malmener, cela ne lui avait apporté qu'une distraction, rien n'était plus amusant que voir leur mine déçue lorsqu'il s'apercevait qu'elle avait réussi à se sustenter. Surtout qu'en ce genre de soirée, seule ceux et celles hors de la filiation venaient trouver compagnie auprès d'elle. L'ennui garanti à compter les dalles sous ses pieds. Étonnamment, aujourd'hui, les nouveaux invités, très aimables, étaient venus discuter avec elle malgré sa tenue. L'heure ? Cinq minutes ? Ok, elle avait essayé, le reste de son champagne avalé en une gorgée tout en traversant la grande salle, le verre reposé ensuite sur l'un des plateaux de ces maudits serveurs, la sortie en vue, en avant ! Direction maison, dodo. Espérance de repos mis à néant à la vue d'un mur mouvant difficile à dépasser : Oncle Henry. « Je peux savoir ce que tu comptes faire ? » « Officiellement ? Prendre un peu l'air, je pense que le champagne me monte à la tête. Officieusement, je compte m'échapper loin d'ici pour manger les restes du gâteau que tu m'as emmené ce midi. Je ne sais même pas comment tu as réussi à me traîner ici ! », un soupir précéda sa réponse « Tu sais très bien pourquoi. Si tu veux garder ta place dans cette famille, il te faut être un minimum présente à ces événements. Ce n'est pas toi qui t'es plainte de ton compte vide ? Je ne peux pas prendre ta défense sans ça. ». Ah. C'était vrai que pour ses vraies motivations, oncle Henry ne connaissait pas toute la vérité. Elle n'avait pas le droit de l'embarquer dans ses magouilles. Comment osait-elle se plaindre après tout ce qu'il faisait pour elle. Un rire de dépit s'échappa d'entre ses lèvres malgré elle, avant qu'elle ne puisse répondre, son oncle enchaîna, d'un ton beaucoup plus dur cette fois-ci « D'ailleurs, pourrais-je savoir à quoi tu pensais en débarquant dans cette tenue ? ». Aïe. Longue soirée.