Cloué sur un lit d'hôpital, mon regard restait figé sur le plafond froid de la pièce dans laquelle je me trouvais. Face à ce tableau vide, mon esprit tergiversait. Après ce qui venait de m'arriver, j'avouais ne plus réellement connaître ma réelle position au cœur de cette société. Moi qui avait rêvé à tellement de choses, qui avait eut une ambition dévorante, les coups au niveau de mon crâne m'avait remis les idées en place. Ce monde n'était certainement pas fait pour les impurs tel que moi. Ou du moins, c'était de cette manière que certains individus songeaient. Certains purs... Là alors, je découvrais à quel point mes agissements pouvaient avoir des conséquences déplorables. Et quand je parlais de mes agissements, je parlais bien évidemment de ce désir toujours plus fort d'obtenir une place des plus gratifiantes sur la pyramide à échelle humaine, mais aussi de ma relation que j'avais eus avec Asma. C'était passé trop vite. Je devais simplement la représenter en peinture, peut-être même garder son image en mémoire pour pouvoir prendre sa forme plus tard. Mais cela ne s'était pas passé comme cela avait été prévu. Nous nous sommes attirés l'un à l'autre et il a suffit d'une seule relation pour que son ventre ne finisse par grandir doucement. Bien évidemment, on aurait pu songer sagement à un avortement et notre relation se serait terminé ici, mais non. Aussi insouciant que peut l'être un adolescent, je n'avais pu m'empêcher d'insister pour le garder. Parce que je ne voyais point ma vie se faire autrement qu'avec elle. Fonder une famille avec elle... Et même mourir avec elle. Alors qu'elle aurait pu me rejeter pour mon impureté et qu'en plus de cela, elle était déjà mariée... Peut-être était-ce ce sentiment amoureux qui me poussait à commettre de telles folies, mais jusqu'à maintenant, je pensais que notre relation pouvait définitivement se concrétiser... En faisant attention, à trouver un plan, un moyen pour que l'on puisse vivre notre idylle en secret.
Hélas, après cette séquestration dans cette cave, je découvrais peu à peu à quel point notre dépendance était devenue dangereuse. Cette nuit-là, j'avais été seulement victime des coups d'une pure extrémistes, mais n'est-ce pas ce qui m'arrivera lorsque tout le monde saura ? Lorsque tout le monde ouvrira les yeux sur ma véritable nature et que le bébé naîtra ? Je ne serais pas seulement ici sur mon lit d'hôpital. On cherchera sans doute à atteindre ma vie. M'exterminer pour éviter à ce que ce genre d'évènement ne vienne à se reproduire à nouveau. Et pourtant, je voulais toujours me battre. Pour Asma. Ô douce créature venant faire son apparition bien trop soudainement dans ma vie. Moi qui pensait que jamais je n'aurais à vivre ce genre de relation, je commençais peu à peu à comprendre le sentiment de tout ces amoureux prêt à se détruire pour que l'autre puisse exister... Nous vivions dans un monde malade. Autant je voulais croire comme tout ces gens que notre dépendance ne devait pas en valoir la peine, autant je trouvais injuste que l'on puisse désirer à empêcher deux être à s'unir à cause d'une histoire aussi puéril que le sang. Certes, les purs possédaient un raisiné plus pourpre que les autres, mais était-ce suffisant pour se croire supérieur ? Non. Je suis bien plus fort qu'eux. Tentais-je de me répéter afin de balayer les injures venimeux de mon esprit que m'avait lancé la pure à ma personne. Je voulais me battre pour ma vie... Oui, un combat venait de s'engager pour ma propre existence. Si j'étais né ainsi, c'est que j'avais autant le mérite de partager le même air que ces soit-disant sorciers aux sangs purs. Qu'importe où cela nous mènera, je l'avais toujours dis, imaginé.
C'est alors qu'une personne rentre en trombe dans ma chambre d'un blanc immaculé. Mes prunelles bleutées se détache du plafond pour se tourner vers elle. Très certainement inquiète de me voir dans un tel état, je me précipite pour essayer de la rassurer. ≪ - J'ai eus un accident de voiture. ≫. Non. Bien sûr que cela était faux. Et mon regard torturé devait sans doute démontrer le contraire, la vérité. Mais c'était pourtant bien cela qui était écrit dans mon dossier : Comme je l'avais promis, je taisais l'évènement qui s'était passé dans la cave du cabaret, ce soir-là... Afin que la jeune Rosenwald ne revienne me voir pour terminer le travail ou que sais-je encore. Elle était de ces personnes que l'on ne pouvait atteindre et qui possédaient tout les droits. Un être qui pouvait vous réduire à néant sans que l'on ne puisse l'en empêcher... Comme beaucoup d'individus souverains d'ailleurs. Est-ce les Abdelaziz seraient-ils capables de me faire du mal en sachant la vérité ? De me tuer pour préserver leur alliance au risque de se mettre à dos leur jeune fille ? J'espérais que non. Après tout, ils sont les libérateurs des oppresseurs. S'ils voulaient un nouveau régime, ils devaient se montrer exemplaire... Qui sait. Notre union pourrait être le symbole d'une prochaine évolution des mœurs ? Mais pour l'instant, ils avaient beaux prétendre ce qu'ils voulaient, ils ressemblaient plus aux impérialistes plus qu'autre chose.
Dernière édition par Morgan Winsomebird le Lun 12 Sep - 20:35, édité 1 fois
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Sujet: Re: ④ ☇ A BLOODY CANVAS. ✕ asma Sam 27 Aoû - 23:51
A bloody canvas.
Il se passe quelque chose. Quoi ? Je n'en ai aucune idée et ça me stresse encore un peu plus. Cela fait quelques jours maintenant que je me sens tendue pour une raison qui m'échappe, que j'ignore totalement. Et non, ce petit dans mon ventre n'y est pour rien -ne le tenez pas coupable d'accusations parfaitement fausses !-, d'autant plus qu'il est encore si petit que je ne le ressens vraiment pas pour le moment. Ce n'est pas tellement sur le plan physique qu'il se passe ce quelque chose, non. Et de loin pas. Comme si je sentais qu'une injustice avait ou allait encore frapper. Encore une de ces choses qu'il m'est impossible à maîtriser et que je déteste donc subir. Une impression qui s'empare de moi d'un coup alors que je fais face à l'un de mes plus jeunes patients du jour. Heureusement, mon travail prend le pli sur ces questionnements devenus incessants sans avoir leur place lorsque je travaille, et mon sourire habituel regagne mes lèvres. Une expression sur le visage qui se veut rassurante face à ces enfants malades et blessés qui dessinent mon quotidien. Évidement, ce n'est pas évident tous les jours. Mes nouvelles responsabilités font que je dois faire face à des situations qui peuvent, parfois, ne pas être très faciles à gérer face à ces petits sorciers en devenir, mais c'est ainsi. La médecine sorcière n'est pas infaillible à l'instar de celle des humains. En tout cas, ma journée touche bientôt à sa fin, du moins s'il n'y a pas de gros imprévus qui s'y greffent entre-temps. Les petits aléas du métier qui me retiennent bien souvent en dehors de mes heures sont loin de me déranger. Au contraire je dirai même. Il est évident que j'évite un peu mon mari ces derniers temps. Je finis alors par recouvrir ce jeune enfant de sa fine couverture après avoir procédé à quelques examens. « On se revoit demain. Soyez sages. » que j'annonce aux deux résidents des lieux qui cohabitent joyeusement dans cette grande chambre blanche, chacun pour des petits soucis différents. Je referme la porte derrière moi, d'un geste des plus calmes. La douceur et la patience sont des qualités indispensables pour travailler avec des enfants. J'en use donc, et j'en abuse. Finalement, ma pile de dossiers dans les bras, contre moi, je me hâte de me rendre dans mon bureau pour ranger tout cela. Sauf que mon oreille curieuse capte une discussion entre deux infirmières qui se trouvent dos à moi, alors que j'allais entrer dans la pièce. J'en stoppe ma marche en les entendants au bout du couloir. Elles n'ont même pas besoin de prononcer son nom pour que je sache de qui elles parlent. Mon sang se glace subitement. Il est ici, à quelque part dans cette bâtisse. Cette peur que je ressens depuis ces derniers jours refaits subitement surface, m'obligeant à ranger prestement mes affaires, tout en prenant mes propres effets personnels pour me lancer à sa recherche.
Par une ruse des plus habiles, j'arrive à savoir où il se trouve et il ne me faut pas plus de quelques minutes pour le rejoindre. Je m'efforce de garder un pas qui se veut calme, juste pour ne pas me trahir. Face à sa porte, je ne prends même pas la peine de toquer, d'autant plus que le long couloir blanc est désert. Ce serait une perte de temps. Mes lèvres se pincent alors que je m'avance vers lui et mes yeux, eux, le détaillent tout en se voilant d'une lueur laissant entendre toute cette sensibilité que je m'efforce de cacher en moi. Jetant un rapide regard vers la porte, je me rends compte que je ne l'ai même pas refermé. C'est maintenant chose faite, d'un silencieux geste en sa direction qui nous accorde un abri précaire face aux yeux des autres. « J'ai eus un accident de voiture. » qu'il me dit alors que l'une de mes mains se pose délicatement contre sa joue et que mon regard s'ancre au sien. Doucement, je fais un petit signe de la tête, même si je ne relève pas ce que j'arrive à saisir dans ses yeux qui paraissent si.. tourmentés. Mon mauvais pressentiment s'est donc avéré exact. « Un accident ? » Simple répétition dans le but de me convaincre de cette raison que je ne crois qu'à moitié. Là encore, sans savoir pourquoi. Je laisse cette main remonter jusqu'à son front pour s'y poser l'espace d'un moment. « Quand est-ce que c'est arrivé ? » Une question légitime, non ? Je fronce mes sourcils sous l'inquiétude tout en m'efforçant de calmer cette respiration qui s'était soudainement accélérée dès l'instant où cette conversation s'était fait entendre entre les infirmières. Sans attendre sa réponse, j'ajoute dans la foulée -alors même que je m'amuse distraitement avec l'une de ses mèches de cheveux-. « Et comment te portes-tu ? » Une autre question, sans doute plus maladroite que la précédente, mais j'agis sous l'anxiété de le voir ainsi allongé dans cette pièce. Après, je connais plutôt bien les personnes qui travaillent à cet étage. Il est entre de bonnes mains, même si je préférerai nettement le ramener chez lui plutôt que de le laisser dans cette chambre sans couleurs et qui est bien loin de le représenter à mes yeux. J'ai une foule d'autres questions qui me submerge, mais chaque chose en son temps ..
acidbrain
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Sujet: Re: ④ ☇ A BLOODY CANVAS. ✕ asma Ven 2 Sep - 19:43
≪ - J'ai eus un accident de voiture. ≫ ≪ - Un accident ? ≫ ≪ - Un accident. ≫ insistais-je afin de la persuader de cela. Sa main se pose contre ma joue, ce qui a le don de me rassurer légèrement. Elle est là, prêt de moi. Pas comme tout ces autres purs qui, désormais, ne m'inspirent plus vraiment confiance. Le reste ne sont que des vautours prêt à vous saisir entre leurs serres pour vous emporter loin de tout, à subtiliser votre liberté. Comment Asma avait-elle pu évoluer dans un tel monde et à ce point devenir aussi différente ? Comment avais-je pu eut la chance d'avoir fait la rencontre d'une femme aussi belle, aussi agréable... aussi parfaite ? Malgré la souffrance qui me tiraillait dès que je faisais un léger mouvement, je tentais de l'oublier peu à peu pour finalement ne me concentrer sur sa douce présence... J'aurais tant aimé à ce qu'elle reste là pour me surveiller, me garder, juste le temps que je puisse me rétablir afin de la sauvegarder à mon tour... Elle et notre bébé. Néanmoins, je savais que cela ne serait point chose aisée, même lorsque j'irais mieux. On va devoir nous battre, avoir beaucoup de courage, protéger le fruit de nos entrailles afin d'assurer un avenir meilleur pour notre famille. Chaque jours et chaque nuits... On prenait également le risque de nous mettre des gens à dos. Asma et moi contre le reste du monde. On nous tueras sans doute dans notre folie. Car oui, c'était folie. D'ailleurs, à l'heure même où nous nous retrouvions, j'étais en train de me poser milles et une questions.
Est-ce que tout ce que nous entreprenions valaient-ils le coup d'être exécutés ? Ne valait-il mieux pas essayer d'abandonner le bébé maintenant avant d'avoir des ennuis pour l'éternité ? Au moins, on ne serait pas obligé de fuir pour protéger la vie du petit, et sans doute la nôtre également. Et puis, cette attaque dans la cave... Pouvais-je me permettre de garder ce fait secret envers Asma ? Ne méritait-elle pas la vérité ? Mais si la Rosenwald l'apprenait, ne chercherait-elle pas à s'en prendre ensuite à elle aussi ? Si je lui disais, n'est-ce pas un risque à ce que la populace n'apprenne plus rapidement la vérité ? Et puis, j'avais tellement besoin d'extérioriser mes sentiments de peurs et de tristesses. Peut-être de finalement prévenir Asma en quelque sorte... Lui prouver à quel point notre relation n'est hélas, aucunement aisée. Qu'il ne suffit pas de se rencontrer pour l'exécution d'un portrait et tirer son coup pour officialiser mon amour... Néanmoins, je me disais que si j'agissais de la sorte, j'étais également inquiet d'être pris pour un lâche. De choisir la facilité plutôt que d'essayer. D'essayer à réaliser nos souhaits les plus profonds et les plus inavouables. Quelle sécurité valait-elle mieux d'être mise en place ? La nôtre ? Celle du petit ? Pouvions-nous point simplement vivre à deux plutôt qu'à trois ? J'étais si perdu.
≪ - Quand est-ce que c'est arrivé ? ≫ Elle pose sa main sur mon front. À son contact, je ferme les yeux, profite de cet instant de tendresse. Je voudrais faire bien plus. L'embrasser, la prendre dans mes bras, la serrer contre moi, mais je ne suis rien de plus qu'un corps que l'on a brisé pour mieux le dresser. Une créature parmi tant d'autre ayant ce besoin pervers de dominer, d'écraser. Je ne peux bouger sans me faire plus de mal. Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle enchaîne. ≪ - Et comment te portes-tu ? ≫ Je souris, mais il n'est pas sincère. J'aimerais la rassurer. Si moi je n'ai pas la chance de me sortir indemne, je veux la protéger de mes malheurs. Je ne veux pas qu'elle ait des problèmes par ma faute. Au moins, son statut lui permet d'obtenir des privilèges, d'avoir plus de chance. C'est une bonne chose. Moi, je n'étais qu'une erreur créé par les dieux. Une sorte d'abomination aucunement prévu. Une créature, un monstre. ≪ - Je... Je vais beaucoup mieux maintenant. ≫. Si je restais aux aguets, cela n'était pas totalement un mensonge. Sa présence me rassurait et je n'étais plus en proie à la torture de la rose souveraine. C'était déjà ça, une bonne chose de gagnée. ≪ - L'accident s'est passé il y a quelques temps déjà... Une nuit, je crois. ≫ continuais-je doucement sur ma lancée. Je ne savais plus vraiment quoi dire pour que cela passe pour un fait réel. Elle semblait terriblement anxieuse... Je ne voulais pas qu'elle s'inquiète pour moi. Il était de mon devoir de la consoler alors qu'elle en avait faire de même. Cependant, l'illusion n'était pas la meilleure des solutions.
Si cela la permettrait sans doute de la calmer, notre vie restait néanmoins probablement en danger... Ce n'était sans nul doute aucunement le moment pour lancer un tel débat, et mes interrogations pourraient sans nul doute la pousser à douter de mon histoire d'accident, mais je ne pouvais retenir plus longtemps mon questionnement, ma confusion. Je devais en parler. ≪ - Tu sais, je voulais qu'on le garde... Mais je ne pense pas que cela soit la meilleure des solutions. ≫ Cette créature qui évoluait peu à peu dans son ventre était la chair de ma chair. J'y tenais beaucoup. Une partie de moi désirait absolument le garder. Mais je ne voulais pas prendre le risque de perdre Asma aussi. Les purs sont capables du meilleurs comme du pires lorsqu'il est question de conserver leur pouvoir. Asma pourrait être rejetée par sa propre famille, qui sait. Tout ça par ma faute... Si cela venait à se réaliser, je m'en voudrais terriblement. C'est sur mon lit de meurtri que je réalisais à quel point Asma était courageuse... Elle était prête à tout abandonner pour un homme comme moi. Un homme qui était prêt à renoncer à quelques combats pour préserver un bonheur qu'il possédait déjà.
Dernière édition par Morgan Winsomebird le Lun 12 Sep - 20:36, édité 1 fois
Une force presque tyrannique, une certitude qui demeure énigmatique et si obscure. Une voix intérieure qui se fait entendre, me poussant à croire que quelque chose a bien pu se passer autour de moi. Chaque vie est ponctuée de moments presque magiques ou terrifiants qui nous amènent à penser ou à agir d'une façon souvent inhabituelle pouvant bouleverser notre quotidien. Et là, c'est justement ce qui m'arrive depuis quelques jours. Cette impression, bien trop coriace pour n'être que rêvée, me hante de plus en plus. Et c'est en le voyant, lui, allongé dans cette chambre si blanche que je comprends. Que je prends conscience que tout ce que j'ai cru ressentir n'étaient pas que le fruit de mon impression. Que tout est vrai. Il a l'air si fragilisé et si meurtris que mon cœur loupe plusieurs battements alors que je me rends au plus vite près de lui. Le voir dans cet état.. J'ai mal pour lui, je souffre avec lui. Et j'ai peur. Peur qu'il subisse, déjà, cette paternité qui lui appartient. « Un accident. » Une confirmation dont je me contente pour le moment, aveuglément. Je ferme les yeux alors que ma main se pose sur sa joue. Ce n'est pas possible. Personne ne le sait. Personne. Sauf lui. Mon regard ne prend même pas la peine d'observer les parcelles de son corps blessées. Que ce soit d'origine magique ou non, au final, cela m'importe peu. Seul son état, loin d'être rassurant, m'est important. Malgré mon travail et cet apprentissage de résistance face à la douleur des autres pour ne pas craquer, j'avoue que c'est tellement différent face à Morgan. Mais, je pince les lèvres pour ne pas céder. Il n'a pas besoin de ça pour aller mieux.
Qu'il m'est difficile de lui sourire, alors même que son corps semble dépourvu de la moindre trace de vie. Je fais de mon mieux, pour qu'il puisse s'y accrocher s'il le désire et s'il en a la force. Je suis bien capable de lui offrir tout ce qu'il veut s'il me le demande. Ne pas voir de larmes dévaler le long de mes joues est une nécessité que je lui dois. Ce n'est pas dit que j'y arrive à mesure que les minutes s'envoleront. Je vais simplement faire au mieux. Il ferme ses yeux alors que ma main monte jusqu'à son front pour s'y poser. Un simple geste qui m'arrache un sourire plutôt tendu, je dois le reconnaître. Comment ne pas l'être après tout ? « Je... Je vais beaucoup mieux maintenant. » Un léger sourire perce alors sur son visage, ma tête se penche légèrement sur le côté tout en le regardant. Ma main, pour sa part, ne peut rester où elle se trouve. Elle sent bien qu'elle a un certain pouvoir sur lui et elle ne veut pas partir de là. « L'accident s'est passé il y a quelques temps déjà... Une nuit, je crois. » Tout en l'écoutant, je me mordille légèrement l'intérieur de la lèvre. Avec une douceur plus que mesurée, ma main se décide finalement à passer dans ses cheveux. « Il me tarde de te revoir complètement sur pieds. » Un nouveau sourire se forme au bout de mes lèvres, juste pour tenter de lui insuffler un peu plus de force. S'il dit aller mieux maintenant, je n'ose même pas imaginer dans quel état il a pu être depuis la nuit passée. Et je n'avais pas été là. Ma tête s'abaisse sensiblement alors que ma main stoppe son chemin pour se poser sur le haut de sa tête. Est-ce que j'ai déjà dit que j'ai peur pour lui ?
Finalement, un soupire m'échappe alors que mon regard s'éloigne enfin du sien pour prendre davantage connaissance de son état. Et ce que j'en devine ne me plait absolument pas. Après quelques minutes de silence, il reprend la parole, attirant à nouveau mon regard vers le sien. « Tu sais, je voulais qu'on le garde... » Un peu surprise par ce qu'il dit alors, je me redresse un peu. Qu'est-ce qu'il veut dire par là ? Pourquoi est-ce qu'il change d'avis alors qu'il a réussi à me convaincre de donner une chance à cet enfant à naître ? « Mais je ne pense pas que cela soit la meilleure des solutions. » Mes lèvres s'entrouvrent, mais aucun mot ne m'échappe. Il est évident que je ne peux tout simplement rien faire sans lui. S'il décide que ce n'est pas une solution que d'aller au bout de cette grossesse, je ne pourrai tout simplement pas assumer seule. Je n'en aurai pas la force ni même le courage. Et puis même, pourquoi change-t-il d'avis aussi rapidement ? Est-ce qu'il préférerait savoir que ce pois dans mon ventre va être possiblement remplacé par un autre non plus de lui, mais de mon mari ? Celui-là même qui ne m'aime pas ? Celui pour qui j'ai été obligé de prendre son nom pour coller aux obligeances que m'impose cette société bercée d'injustices ? J'en suis malade dès lors qu'il pose son regard sur moi. Est-ce que Morgan voudra toujours de ma personne si c'est pourtant le cas ? Tant de questionnements qui, additionnés à la découverte de son état -et sans doute aussi à une émotivité décuplée de par ma propre condition-, brisent une à une ces barrières que je tentais de dresser face à ces larmes qui menacent de s'échapper. J'en suis à déporter mon regard vers le mur derrière lui, incapable de la moindre parole. Cet enfant dans mon ventre, s'il souhaite profiter de la maigre chance qu'il a de pouvoir vivre dans un contexte politique et idéologique tel que le nôtre a besoin de lui autant que moi, j'ai besoin de lui. Si ce n'est bien plus encore. Fronçant les sourcils, je décide de rompre ce silence alors installé. « Tu ne me dis pas tout. Pas vrai ? » Aucune pointe d'énervement ou d'irritation ne se ressent dans ma voix. Je ne lui en veux pas de reprendre son discours pour le change à son opposé. Si c'est ce qu'il veut, je ne peux rien lui imposer. « Pourquoi ? » Pourquoi un tel changement ? Un simple mot qui m'a échappé alors que l'une de mes mains s'empare de la sienne, celle qui est le plus proche de moi. Le tout en douceur, bien entendu. Je ne veux pas lui faire de mal. Tout en me penchant vers lui, je la dépose sur ma propre joue. S'il peut ainsi se charger de toute mon énergie, qu'il la prenne. La tentation de laisser sa main trouver refuge contre mon ventre, encore si lisse et plat est grande. « Quelle est la meilleure solution, à tes yeux, maintenant ? » J'ai peur de sa réponse. Vraiment. Mais j'ai besoin de la connaitre pour tenter de lui prouver qu'il a tort. Que son nouveau discours n'a pas du tout la même valeur que celui avec lequel il a réussi à me convaincre de le garder.