Véritable rat de bibliothèque, Aksel est doté d’une curiosité sans limites pour l’histoire et la politique sorcière, et il comptait une impressionnante collection de livres dans le château Freidrich, à Leipzig, avant que ce dernier ne soit entièrement détruit par les flammes. Des pièces de collection, des éditions uniques, voire même dédicacées, des manuscrits : il ne reste plus rien.  ◊ Éduqué selon l’idéologie pacifique, Aksel n’a jamais eu une seule pensée violente de toute sa vie. Il a toujours cru que le dialogue, les compromis et les ententes cordiales primaient sur le reste. Mais depuis l’incendie, il est aux prises avec des excès de rage et de colère qu’il ne comprend pas, et qu’il ne maîtrise surtout pas. Son regard brille d’une nouvelle flamme, celle de la vengeance, et il s’est fait la promesse de faire payer le prix personnellement à ceux qui ont osé s’attaquer au sien. Et même si on l’a volontairement écarté de l’enquête au sujet de l’attentat, il continue de travailler sur celle-ci, en solitaire et à l’insu de tous. ◊ Sa mère s’était fait un devoir, lorsqu’il était jeune, de lui enseigner la musique, en plus des cours plus politiques que son paternel et les coutumes familiales exigeaient. S’il s’attarda à l’apprentissage du violon durant la majeure partie de son enfance, c’est tardivement qu’il se tourna plutôt vers le piano, sous les conseils de sa génitrice, qui se chargea elle-même de le lui enseigner. Il s’agissait d’un moment privilégié entre mère et fils. Les touches du clavier de cet instrument sont aujourd’hui la seule chose lui permettant de retrouver son calme intérieur et un semblant de sérénité, même si le tout est empreint d’une douloureuse nostalgie. ◊ D’une nature sensible, Aksel a pourtant du mal à parler de ses émotions et à exprimer celles-ci. Il semble fermé, distant, voire même hautain à la première approche, et pourtant, c’est un être avec qui il est facile à vivre, ouvert d’esprit – dans la mesure du raisonnable, tout de même – et un brin charismatique.  Franchir cette barrière est difficile, mais ceux qui parviennent à ne pas s’arrêter à celles-ci découvrent un jeune homme fort intéressant, digne de toute leur attention. ◊ En son for intérieur, il a toujours espéré vivre un mariage heureux avec sa future fiancée, espérant partager avec cette dernière le type de relation que ses parents vivaient : loin d’être des âmes sœurs, ils avaient trouvé en l’un et l’autre un véritable partenaire, un ami précieux et une source de réconfort. En vieillissant, il réalisa cependant que tout ceci n’était qu’illusion, et ce fut un brusque retour à la réalité. Il n’a toutefois jamais perdu espoir que sa propre vie conjugale soit plus réussite que la leur. ◊ Il se sent responsable de la mort de sa sœur Selina. Il sent encore sa main au creux de la sienne qui s’échappe, sa chevelure volant derrière elle alors qu’elle grimpait les marches, sa robe de nuit flottant à sa suite. C’est la dernière image qu’il retient d’elle. Elle hante ses nuits, s’immisçant dans ses rêves, son rire cristallin résonnant, fidèle à ses souvenirs. Il n’aura jamais su ce qu’elle comptait récupérer là-haut, et ce mystère le trouble encore plus. ◊ L’alcool est devenu son ami le plus fidèle, le compagnon de ces insomnies. Il boit pour oublier, pour s’échapper de cette sombre réalité qu’est maintenant la sienne. Il n’arrive plus à dormir sans avoir bu quelques verres de fort, et même ses sorties en société ne peuvent se dérouler sans qu’une flasque ne l’accompagne, cacher la poche de son veston. La simple idée d’affronter le monde tel qu’il est désormais le fait trembler, de rage ou de faiblesse, qu’importe.