Elle est l'origine de la chaleur, de la force. La Flamme s'éveille à la lumière, s'éclaire dans la profondeur des nuits. Divinité combattive et puissante, âme attractive et incandescente. Toujours pousser sa volonté dans les pires retranchements, pour ne rien regretter des histoires d'antan. Les histoires, les anecdotes et les contes de fées, tu en as entendu par milliers. Des courants de pensées romanesques, des mythes où la valeur est omniprésente, des poèmes qui charrient la vérité. Une oration dont les douceurs des mots s'animent d'une véracité que certains ont tendance à oublier et que d'autres ne prennent pas le temps de comprendre. Entre les lignes, le fruit de l'apparence se délite et le masque tombe. Apprendre à maitriser ses émotions, le cacher sous l'océan azuréen de ton regard, se détacher de tous les égards. La course est erratique, le souffle semble te manquer et la gorge – trop sèche – te brûle. Le poids de l'effort physique est visible par la sueur qui perle le long de ta nuque mais la détermination de ton expression faciale décline une force intérieure beaucoup plus vigoureuse. Courir pour endurer la douleur des muscles qui se crispent et des crampes qui s'agitent. Les battements du cœur qui tambourinent dans ta poitrine, qui pulsent dans tes veines telle une adrénaline qui te pousse toujours à aller plus loin, beaucoup plus loin. Les alentours de la forêt qui bordent le domaine de la demeure familiale s'anime de sa nature luxuriante. Une révérence à l'aspect d'une existence qui n'est pas vôtre mais qui aspire à donner le change, l'esprit entrant ainsi au repos des vagues paisibles d'un environnement différent. Le son des oiseaux chantant à l'aube de la nouvelle saison printanière, le vent agréable – bien quelque peu chaud – venant fouetter ton visage est plus que bienvenu. Courir, encore et encore jusqu'à ce que le craquement d'une branche ne vienne perturber ta concentration. Doucement la cadence ralenti tandis que le cœur bat toujours fortement. Un tambourin qui dépeint sa musique. Désormais immobile, ta main gauche frôle lentement ta jambe gauche de manière à pouvoir attraper l'arme blanche accrochée à cette dernière. Ton corps s'abaisse légèrement tandis que la respiration lourde de l'inconnu se fait entendre. Un indice traitre pour celui qui traque. Ta prise sur le manche du stylet est ferme, tu attends juste le moment propice, le meilleur moment pour agir. Observe et attend, car là où la proie pense prospérer, le chasseur trouve la faiblesse. Faire corps avec la terre de manière à ce que cette dernière épouse chacun de tes mouvements. La moue enfantine s'efface laissant les traits lisses de la maturité prendre le dessus. Un. Deux. Il y n'y aura pas de trois, si ce n'est le geste de ton bras qui toute en fluidité et en finesse vient à s'activer. Tu te retournes rapidement tout en envoyant le stylet qui vient se planter dans le tronc de l'arbre, juste à la hauteur de la main du sorcier qui te suivait. L'horizon de ton regard se borde au corps de la lame plantée dans l'écorce fatiguée du vieux chêne. Ton lancé était franc, direct et ne laissait paraître aucune hésitation. Il y en a jamais au combat que cela soit un duel magique ou un combat simple. Lutter et ne jamais glisser. Analyser les failles de l'adversaire, les mettre avant ton avantage, user les cordes de l'ennemi. Des rengaines paternelles qui parcourent encore ton esprit, une façon comme un autre de ne pas oublier les enseignements d'un clan où l'unité et la puissance sont des maitresses peintes de ruse et de brutalité. « Un peu plus et tu m'aurais ... ». Ton compagnon à guère le temps de poursuivre sa phrase que tu lui coupes l'herbe sous le pied. « Je t'aurais eu. J'ai simplement guidé ma cible à quelques centimètres. Imagine un peu la tête de ses demoiselles si tu avais été amoché. ». Si au début ta réplique se voulait davantage calme mais sibérienne, la dernière partie se teinte d'une légèreté amusée et moqueuse. Le sorcier se contente d'une grimace narquoise avant de s'emparer de l'arme qu'il retire de l'arbre. Paul était  l'un des seuls avec qui tu parvenais à être toi-même sans réellement jouer de méfiance, la complicité qui peint votre amitié est d'une couleur florale et solaire, une souffle que la vie offre aux colonnes du bonheur que permet l'existence. De deux années ton ainé, il était un disciple apprécié des tiens en particulier de ton père. Une amitié où la confiance se renforce à mesure de temps, à mesure de situation. « Peu importe, c'est vraiment le cadet de mes soucis. ». Te dit-il d'une intonation emplit de lassitude. L'ennui transparait sur ses traits encore un brin trop juvénile alors que l'adolescence est déjà bien dessinée chez lui. Tu secoues la tête sans pouvoir réprimer un rire qui vient prendre naissance à la commissure de tes lèvres. Son attention est calquée sur la tienne, le silence s'impose et s'accroche à l'osmose de la forêt. Les branches se balancent et les feuillages des hautes branches dansent de gauche à droite. La brise se lèvent, le soleil tirant bientôt sa révérence pour aujourd'hui. « Qu'est-ce que tu as envie de me dire et que tu ne me dis pas ? ». Ton interrogation s'œuvre à l'ouverture. Un simple oui ou un simple non. Pourquoi tu ne me dis rien Paul ? Tu penches légèrement la tête sur le coté tentant de lire sur l'éclat verdoyant que reflète ses yeux. Il fait bloque, il se fait force. Les émotions sont traitresses Lussy, n'oublie jamais cela. Elles induisent en erreur et te détournent de tes objectifs. Reste en direction du nord, en direction de l'hiver. Vous n'êtes jamais revenus sur ce souvenir, tu n'as jamais eu de réponses. Sentiment d'incertitude. Un quelque chose interdit, pas permis.

Le miroir. Un morceau de verre qui réfléchit une image. Reflet de vous-même, reflet d'une apparence qui sous vos traits d'expressions se veut tantôt mensongère, tantôt véridique. Regarde dans la miroir, que peux-tu y voir ? Tu n'y vois rien de semblant si ce n'est l'âme qui vibre dans les prunelles d'autrui. Indice suffisant pour prendre la mesure d'une personnalité, suffisant pour te vouloir méfiante. Se contempler, s'idolâtrer devant soi-même, une perte de temps à laquelle tu ne t'accordes pas. Futilité peu nécessaire mais qui a tout de même son utilité, tu devais accorder cela à ta figure maternelle. Les mélodies qui s'élèvent à l'autre bout de la maison enveloppent chacune de ses pièces, mais celle où tu trouve permet une acoustique encore plus prononcée et plaisante. L'instrument à cordes frappées s'abandonne aux mains graciles d'une mère qui semble vouloir réfléchir. Comme elle, t'occuper à l'art te permet d'y voir plus clair. Ses doigts dansent sur un clavier d'ivoire, les tiens s'animent sur une toile qui n'est plus aussi vierge qu'il y a quelques heures. La toile est parsemée de couleur où le pastel est chevauché de son ombre foncée. Des nuances de palette qui s'impriment selon tes sentiments, ceux que tu tais en abondance tout au long des jours qui défilent. Le quotidien n'a alors rien d'un poids lorsque l'on a grandit ainsi. Les gestes de ton pinceaux sont précis et l'aquarelle d'un paysage français est d'une douceur qui s'accorde à cette apparence d'ange qui est la tienne. Assise en tailleur sur un tabouret en bois, l'horizon de tes perles azuréennes suivent la ligne de ton outil avec une subtilité apparente, que tu ne tentes guère à masquer. Des  mèches rebelles s'échappent de ta tresse, venant se coller à tes joues. Tu t'en fiches. Tu es bien absorbée par la passion et les sensations intérieures que te procurent ton activité. La peinture est un prolongement tout personnel de ton être, une matière tangible à laquelle tu peux te fier en toute honnêteté. Elle seule, ne pourrait te mentir, ne pourrait te trahir.  Bien que tu entendes le couinement du bois de l'escalier – grincheux au fil des années – tu ne t'y attardes pas. Peu de personne ne monte à cet étage – hormis ton frère peut être –, dans cette pièce que tes parents jugent vide et bien trop froide peu importe les saisons. Cette salle, un refuge personnel, un abri où travailler en toute tranquillité, une qualité de séchage adéquate à tes peintures. Ces dernières s'entassent le long des murs, ou dans des coffres prévus à cet effet. Des tissus les recouvrent, long des regards indiscrets. Une main tire alors doucement ta tresse en arrière, un souffle venant se rapprocher de ton oreille. Un pouls régulier, une effluve de nicotine et de parfum mentholé. Léo. Voyant que tu ne suis guère sa directive, il tire un peu plus sur ta chevelure nattée. « Montre-moi tes yeux. N'est-ce pas cela que tu regardes chez chaque personne ? ». Son timbre de voix est une comptine à mi chemin entre ironie et sincérité. Un rythme calme mais qui dénote chaque teinte de ses facettes. Charmeur est le jeune lion, éloquent est le jeune félin mais impétueux est le personnage. Il évolue le petit prince, il avance avec une assurance toute née comme si la couronne lui était destinée. Intéressante et curieuse personnalité qu'est le jeune sorcier. Sa main retient toujours ta tresse, tes doigts poursuivent leur tâche. Une fraction de minutes s'écoulent sans que vous ne bougiez mais tu peux sentir – même de dos – l'agacement de celui à qui te futur est relié. Accord ou promesse, cela est une obligation que vous ne pouvez défaire, éviter. Tel est le devoir de chacun des descendants. Tu déposes ton pinceau sur la petite table où trônent quelques gouaches fermées. L'odeur du vernis et de la peinture s'entremêlent venant chatouiller agréablement tes narines. Tu tournes sur le tabouret, vos regards limpides se rencontrant pour la première fois depuis quelques temps. « Et qu'aimerais-tu y lire ou voir ? ». Ton interrogation semble le désarmer, le silence l'emporter. Tu fronces légèrement les sourcils avant de te lever du siège comme prendre une distance dont toi même tu ignores la signification. « Ne crains pas que j'agisse contre toi. Deux existences liées à un seul destin toi et moi on y peut rien. ». Léo se tourne vers toi, le regard posé sur le tien avec une parole silencieuse dont les mots sont voilés par un mystère que l'un comme l'autre vous devez apprendre.
La neige appartient à l'hiver,
La pluie à l'automne,
Les couleurs à sa peinture.