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 (SEENA) Sweet disaster.

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MessageSujet: (SEENA) Sweet disaster.    (SEENA) Sweet disaster.  EmptySam 27 Aoû - 15:26


Lost in paradise
Bouboule power
Ses petits doigts encore dénués de force engourdissaient ceux de sa génitrice. Les yeux humides, le palpitant qui s'emballait à s'en rompre. Petit être parmi la foule, s'offusquant déjà du spectacle qui se déroulait sur la place. Elle n'était qu'innocence mais bien trop curieuse. Sa mère, le dos tourné pour regarder la fabuleuse vitrine d'un vieux brocanteur, ne se doutait pas un instant que sa progéniture assistait à la barbarie de la prétendue noblesse. La pression de ses phalanges mettait en alerte, la matriarche se retournait d'un bond avant de prendre Seena dans ses bras. Une main ferme lui cachait les yeux, courant se mettre à l’abri dans un coin de rue. La gamine, elle restait silencieuse face à une mère qui semblait dépitée. Elle le voyait dans ses pupilles, cette nuance de déception et l'impression de ne pas être à la hauteur. Une bombe à retardement. Pourtant, elle était si douce et si aimante. La génitrice savait prendre soin de ses enfants, elle se souciait de chaque détail. Le doute représentait un mal silencieux qui la rongeait chaque jour un peu plus et une fois encore à cet instant. Sa fille qu'elle venait de négliger, cet enfant qui venait de voir un combat affligeant. Seena, elle lui souriait avec douceur. Les yeux remplis de questions qu'elle ne saurait poser avec des mots concrets. Sept années qu'elle respirait et ce moment venait de remettre tout en question. La violence des hommes, le mépris des purs pour ceux qui les enrichissaient de leur impôt. Les sangs-mêlés faisaient une excellente cible. Se pinçant les lèvres, elle finissait par poser une simple question qui prenait tous son sens. « Pourquoi ? » Pourquoi les hommes se battaient sans cesse. Pourquoi personne ne souhaitait instaurer la paix. Pourquoi les sangs purs obtenaient toujours le dernier mot. Seena, elle plantait son regard encore incertain dans celui de sa mère, attendant qu'elle lui apporte son savoir. Ses pupilles reflétaient la beauté basanée de son interlocutrice, elle la regardait souvent avec admiration. La femme, elle se raclait la gorge, caressant la joue de sa fille en la chatouillant par mégarde. Les rires s'envolaient, s'évaporaient bien loin de la scène morbide. Cela réchauffait les cœurs, apaisait les âmes même si il n'y avait qu'elles qui pouvaient les entendre. « Tu sais, Seena, beaucoup de purs jugent que les autres n'ont pas leur place sur le territoire allemand. Ils pensent être des personnes qui se suffisent, être supérieurs et bons. Certain d'entre eux, du moins. » Elle s’arrêtait, cherchant ses mots pour protéger sa fille. « Certain pense qu'il faudrait les emprisonner, voir pire, pour que le monde tourne rond. Cet homme s'en est pris à un innocent et tous le monde présent va se taire car son nom est bien trop grand pour risquer de le dénoncer. » Seena, elle écoutait tandis que son visage se liquéfiait. Elle en perdait les mots, la raison. Pacifiste, amoureuse des relations humaines et du savoir vivre. « Mais nous ne faisons pas parti de ses personnes, ma chérie. Les allemands nous ont invité sur leur terre pour rependre la paix. Un jour, cette scène sera puni, qu'importe les noms. » Elle y croyait à son discours. La mère, elle se donnait corps et âme à cette idée de pacifisme. Seena, elle prenait conscience de ses racines mais surtout du travail qui l'attendait. Elle serait l'amie du peuple, la mère des orphelins. Elle danserait avec les mots pour que la paix soit un acquis.

Sa paupière la tiraillait encore. Seule face à la glace, elle plaçait sa main droite face à son œil. Elle ne voulait pas savoir, elle ne voulait pas comprendre. Les nuits s’enchaînaient et les cauchemars se faisaient habitude. Seena, elle s'arrêtait parfois de respirer pour connaître l'odeur de la mort. Cela devait être bien plus plaisant que le sort qui l'attendait. Ils se trouvaient tous autour d'elle, dans l'attente. Ses genoux s'entrechoquaient, ses bras tremblaient à s'en démembrer. Le silence, pesant et assommant, lui affligeait des pensées moroses. Elle n'osait pas. Pas comme cela, pas devant tous ses regards curieux qui priait l'espoir. « Sortez tous de ma chambre, je descends dans deux minutes. » Sa voix tremblait de plus en plus, son œil gauche s'humidifiait. Elle souffrait, elle suffoquait. « Je vous en pris. » La famille Quispe obéissant tandis que certains marmonnaient dans leur barbe. Seize ans, l'avenir qui devenait beaucoup plus incertain qu'avant. Seena, elle se remémorait la scène qui l’amenait à ce supplice. Faisant léviter ses livres pour les dévorer page après page plusieurs ouvrages à la fois, la jeune fille intensifiait toujours plus son effort pour posséder un maximum de matière. Elle se concentrer, poussant toujours plus les limites de sa faible magie. La porte qui claquait contre le mur de brique, son père qui faisait irruption dans sa chambre pour l'ordonner de venir souper. Seena, elle s'effrayait. Le mauvais geste, la fois de trop. Un rayon de magie qu'elle ne contrôlait pas venait transpercer le miroir. Un éclat, aussi infime qu'il soit, se nichait dans la pupille droite de la malchanceuse. Elle hurlait, pestait, incapable de calmer la douleur. Seena, elle pouvait encore ressentir la peur qui l'envahissait à ce moment là. Après cela, les parents Quispe s'acharnait aux soins. Magiques comme humains. Des plantes, des crèmes, des prières. Elle le savait, au fond d'elle. Un bandage recouvrait la blessure, l’empêchant d'utiliser sa vue. Une semaine, cela lui paraissait une éternité. Sa main tremblait, attendant le moment décisif pour se retirer et laisser le destin faire son jugement. Ses yeux fermaient, elle ôtait cette dernière avant de faire basculer à nouveau ses paupières. Le noir. L'obscurité. Le sombre qui ne trouvait pas de fin. Aveugle d'un œil, borgne. La panique qui faisait rage dans son esprit, l'impression d'avoir gâché toutes ses espérances. Elle se remettait tout en question, imaginant un avenir où sa pupille lui ferait défaut. Qui pourrait l'aimer, la chérir alors qu'elle ne serait capable de distinguer la beauté de son visage dans son intégralité. Qui pourrait lui donner un enfant, mère qui ne pourrait la protéger qu'à moitié. Elle s'écroulait au sol, incapable de bouger alors que ses cris et ses larmes alertaient toute la maison. Seena, elle restait assise contre ce miroir durant des jours. Sans se nourrir, sans cesser de pleurer, sans vivre. Elle qui rêvait d'amour, elle qui rêvait de paix. La jeune fille hurlait, extériorisant cette douleur interne. Ses maux, ses démons qui la rongeaient à présent. Les Quispe décidaient de garder cela secret, son œil en restait intact. Du moins, pour le moment. Elle le cachait, tant bien que mal, ayant l'impression de duper le monde et de n'être qu'un tissu de mensonge. Seena, elle détestait ça. Il ne se passait pas un soir où ses pleures ne berçaient pas la famille.

Elle courait, aussi loin qu'elle le pouvait. Seena, elle fuyait jusqu'au dernier souffle. L'amertume au bout des lèvres, le dégoût qui lui serrait la gorge. Ses cheveux bruns qui ondulaient dans le vent glacial de l'hiver, son corps déjà gelé à l'aube. L'annonce de son mariage, son rêve d'amour qui se brisait. Elle le savait depuis longtemps mais l'entendre devenait insupportable. Être une femme qu'on vendait par alliance, être une carotte qu'on tendait à un âne. Ses ambitions se voulaient bien plus grande. Elle se confiait pourtant à sa mère chaque jour, lui racontant comment se passerait la rencontre avec l'homme qui la comblerait. Seena, elle ne voulait pas être un pion de plus. Une marchandise. Un vulgaire morceau de viande. Le froid mordait ses joues, affaiblissait ses jambes et freinait sa course. Elle quittait cette ville avec sa cousine, elle partait ailleurs. Qu'importe qu'on la cherche, elle se promettait de ne pas revenir. De ne pas être une de ses femmes qui trompaient son mari et vivaient dans le vice. Elle voulait aimer, elle voulait rire et pleurer. Seena désirait des baisers passionnés, des soirées langoureuses et des enfants fruit de l'amour. De la passion. De l’évidence. Alors, elle se cachait dans des petits villages d’Allemagne. Dix sept années à son compteur, se prétendant orpheline et sang-mêlé. Elle vivait dans l'anonymat, se perdant soi même au passage. La brune en oubliait ses racines, ses convictions. Elle volait pour survivre, marchandait des bijoux pour quelques centimes. Seena, elle devenait cette enfant dont on éprouvait de la pitié mais cela lui importait. Elle n'avait pas la bague au doigt, n'appartenait à personne. La liberté la berçait chaque soir. Elle se délectait de la nature et de ses odeurs paysannes. Seena, elle rencontrait le peuple, apprenant à connaître les coutumes de ce monde caché. Elle faisait parti de ce monde, elle devenait vagabonde. Une année de fuite, de survie. Certainement la plus belle, la plus enrichissante. Elle dormait paisiblement, un simple bout de tissu qui la recouvrait quand elle sentit une main oppresser son épaule. Allongée sur le côté gauche, seul son œil aveugle pouvait entrevoir son agresseur. Une forte pression qui la soulevait, dévoilant finalement le visage d'une mère terrifiée. Elle pleurait, elle hurlait à en perdre la voix. Seena, elle voyait l'horreur de sa fuite. La femme semblait avoir pris de l'âge, ses traits tirés et ses cernes marqués. La souffrance transcendait son être. Un spectacle abominable pour la jeune fille. Elle se retournait, regardant ses compagnons d'infortunes qui ne comprenaient pas la scène. Ils étaient sales, vivant dans la pauvreté et la famine. Ses poings qui se serraient, l'ambition qui la gagnait. Seena, elle rejoignait le cocon familial accompagnée de sa mère qui ne cessait de lui caressait les cheveux. Elle se marierait. Pas par amour de l'homme mais pour celui des mêlés. Pour les voir un jour libre de leurs pas, libre de leurs chaînes. Elle se le promettait. Elle serait de cette politique pacifiste. Seena, elle se sacrifiait pour sauver le peuple, pour libérer les opprimés. Le gouvernement ne leur donné pas assez de droit et cela devait cesser. Le patronyme de Wissem venait se glisser dans les conversations. Un prénom familier qui ne lui faisait ni chaud, ni froid. C'était simplement son devoir. Elle le ferait. Elle ne l'aimerait certainement pas, elle serait une femme froide et distante. Elle se refuserait à lui. La brune refuserait toutes les conventions, l'obligeant à la suivre ou à se trouver de la viande plus fraîche.

Elle l'aimait, c'était une certitude. Peut-être pas aussi fort qu'elle le souhaitait, pas avec la même intensité que dans ses espérances. Seena pouvait également le haïr, pour mille et une raisons. L'amour vache, celui qui fait mal. Peut-être que c'était cela, la passion. Se déchirer et s'amouracher chaque jour. Elle lui dirait certainement un jour, à quel point elle l'estime. Wissem, il était le père de sa fille mais également son mari. Il était sa force quand elle était son poids. Elle ne lui rendait pas la vie facile, refusant dans un premier temps de lui parler. Puis, il découvrait son secret, cet œil qui ne lui servait qu'à pleurer. Il en gardait le silence, l'aidant à cacher ses plaies. Seena, elle l'aimait pour ça. Pour cette empathie, pour le regard qu'il lui portait par fois. Elle le détestait pour ses absences, pour tout ce temps qu'il ne lui consacrait pas. La brune vivait dans le doute d'une liaison, vivait dans la peur qu'il l'abandonne. Elle s'y attachait en silence, lui faisant croire qu'il ne la méritait pas. C'était un jeu, dangereux mais délectable. Ils étaient froids mais flammes quand les corps se rejoignaient. Elle tentait de le charmer, par son corps et par son âme. Il cherchait à la fuir, par son travail et ses obligations. Personne ne pouvait dire ce qu'ils deviendraient. S'ils s'aimeraient d'avantage où se déchireraient à tout jamais. Malia, elle était ce qui les unissaient. Belle et innocente. Elle vivait dans ce bordel sans nom. Seena, elle n'était pas malheureuse, vivant son histoire au gré de ses humeurs. Elle défendait les mêlés, remplissait son rôle de mère et de femme. Pourtant, le vice s'installait en elle. Encré dans ses veines depuis quelques mois. Celui de la luxure, de l'argent. Celui d'être plus qu'une simple pure. Elle désirait le pouvoir autant qu'une future impératrice. Ce besoin d'être reconnue. Elle méprisait ceux qui pensait savoir mieux qu'elle, devenant hautaine et bourgeoise. Il devait la tenir, l’enchaîner. Wissem, il était sa seule bouée de secours avant qu'elle ne coule dans des valeurs qui n'étaient plus sienne. Son combat dérivé, sa passion naissait des diamants qu'elles ne pourraient s'offrir.
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